Elections régionales dans les Abruzzes et en Basilicate, mars-avril 2024
Issue
Issue #5Auteurs
Davide Angelucci , Selena Grimaldi
Numéro 5, Janvier 2025
Élections en Europe : 2024
Contexte
Les élections régionales organisées dans les Abruzzes le 10 mars 2024 et en Basilicate les 21 et 22 avril ont été, avec les élections sardes de février 2024, les premiers scrutins d’une assez longue série. Elles ont été suivies en juin par les élections régionales au Piémont en juin et à l’automne par une autre série d’élections en Ligurie, en Ombrie et en Émilie-Romagne, soit un total de sept scrutins en un an (Grimaldi & Pala, 2024). Les élections régionales dans les Abruzzes et la Basilicate étaient également les dernières à précéder les élections européennes de juin ; elles constituaient donc pour les partis nationaux une forme de baromètre politique (Anderson et Ward, 1996) permettant de tester le comportement électoral et la performance potentielle des partis dans une logique ascendante multi-niveaux (Schakel et Romanova, 2023). Selon cette logique, les résultats enregistrés dans une arène territoriale spécifique (dans ce cas, le niveau régional) peuvent avoir des répercussions similaires dans une autre arène (ici l’arène européenne), avec des effets de débordement du bas (contexte local) vers le haut (contexte européen).
Régions méridionales, les Abruzzes et la Basilicate ont en commun d’avoir été des bastions de la Démocratie chrétienne pendant toute la durée de la Première République (1979-1990), alors que depuis 1995, leur histoire a considérablement divergé. En effet, alors que les Abruzzes ont été une région disputée tout au long de la Seconde République (Passarelli et Tronconi, 2015), avec une alternance entre les forces de centre-droit et de centre-gauche de 1995 à 2014, la Basilicate a connu une nette domination des forces progressistes jusqu’en 2019 (Mazzoleni, 2002).
Par ailleurs, plus récemment, la compétition électorale est passée d’un bicamérisme fragmenté (Chiaramonte, 2010) à un arrangement tripolaire (Bolgherini et Grimaldi, 2017), ce qui a conduit dans les deux régions d’abord à la montée des forces de centre-gauche (en 2013 avec Claudio Pittella en Basilicate et en 2014 avec Luciano D’Alfonso dans les Abruzzes), puis (en 2019) à la victoire du centre-droit emmené par Marco Marsilio (Fratelli d’Italia, FdI) dans les Abruzzes et Vito Bardi (Forza Italia, FI) en Basilicate.
Les élections de 2024 ont vu le centre-droit sortir renforcé dans les deux régions, une évolution principalement due à un changement dans la structure de la compétition politique, qui est revenue à un fonctionnement bipolaire. Ce changement a été causé par le déclin significatif du Mouvement Cinq-Étoiles (M5S) et l’incapacité du campo largo, large coalition réunissant le Parti démocrate, d’autres partis de gauche et centristes et le M5S, à convaincre les électeurs qu’il constituait une alternative crédible à la droite.
Dans les deux régions, les principales figures des élections de 2024 étaient les têtes de liste de centre-droit, qui étaient aussi les présidents de région sortants : Marco Marsilio dans les Abruzzes et Vito Bardi en Basilicate. Tous deux dirigeaient des coalitions composées de Fratelli d’Italia (FdI), Lega, Forza Italia (FI) et d’autres listes centristes, s’opposant aux candidats de centre-gauche. Dans le cas des Abruzzes, le choix du candidat de centre-gauche à la présidence n’a pas été trop compliqué et s’est porté sur Luciano D’Amico, candidat indépendant proche du centre-gauche, à la tête d’une large coalition composée non seulement du Parti démocrate (PD) et du Mouvement Cinq-Étoiles (M5S), mais aussi de listes centristes comme Azione et les Réformistes civiques (qui incluaient Italia Viva), ainsi que des Verts et de la Gauche italienne (AVS), aux côtés de la liste du président Abruzzo Insieme (Angelucci, 2024a). En Basilicate, en revanche, l’identification du candidat progressiste s’est avérée beauocup plus délicate : initialement, le PD soutenait Angelo Chiorazzo, un homme d’affaires proche des Démocrates, mais ce choix était impopulaire auprès du M5S et a conduit, après des mois de blocage, au retrait de sa candidature et à la proposition par les secrétariats nationaux des deux partis du nom de l’indépendant Domenico Larenza, un ophtalmologue sans expérience politique antérieure (Angelucci, 2024b). Cependant, Larenza a finalement été contraint de se retirer du fait de la réticence des bases régionales du PD et du M5S. Le choix final s’est porté sur Piero Marrese (PD), président de la province de Matera et maire de la commune de Montalbano Jonico (Angelucci, 2024b). Cette décision a fini par affaiblir les alliés du campo largo, puisque, contrairement à ce qui s’était passé dans les Abruzzes, les forces centristes d’Azione et d’Italia Viva (IV) se sont ralliées au centre-droit.
Les résultats
Le nombre des candidatures à la présidence a été relativement limitée dans les deux régions : deux candidats seulement dans les Abruzzes et trois en Basilicate où, outre Bardi et Marrese, Eustacchio Follia se présentait sous la bannière de Volt. De ce fait, la compétition politique redevenait bipolaire, même si la fragmentation partisane restait relativement élevée avec 12 listes candidates dans chacune des deux régions.
Participation et votes
Dans les deux régions, la participation électorale a connu un recul : dans les Abruzzes, la participation moyenne en 2024 était de 52,2%, soit seulement 0,9 point de pourcentage de moins qu’en 2019 ; en Basilicate, la baisse a été plus marquée, avec une diminution de 4 points de pourcentage par rapport à l’élection précédente. Il convient de noter que moins de la moitié de la population s’est rendue aux urnes en Basilicate, la participation s’élevant à 49,8 % (Angelucci, 2024b).
Pour pouvoir interpréter correctement ce chiffre, il est important de souligner trois aspects différents. D’une part, les élections régionales en Italie, comme dans le reste de l’Europe, fonctionnent souvent comme des « élections de second ordre » (Reif et Schmitt, 1980), c’est-à-dire des élections où les enjeux sont considérés comme moins importants que dans les élections politiques nationales. Pour cette raison, la participation tend à être plus faible et les partis au pouvoir sont généralement pénalisés. D’autre part, en Italie, la participation électorale varie fortement en fonction de la géographie, avec une participation plus faible dans les régions méridionales que dans les régions centrales et septentrionales, quel que soit le type d’élection (Mannheimer et Sani, 2001). Enfin, l’importance accordée à ces élections par les dirigeants des partis nationaux – qui se sont rendus dans les deux régions pour soutenir leurs candidats respectifs, considérant le scrutin comme un test de l’issue possible des élections européennes – a probablement contribué à limiter la baisse de la participation (Scantamburlo et al., 2024). Cette baisse aurait en effet pu être plus importante au vu de la déconnexion croissante entre les citoyens et la politique.
En ce qui concerne les résultats des principaux partis (voir « les données »), quatre aspects clés sont communs aux deux régions :
- Le parti arrivé en tête a été le principal parti au gouvernement, Fratelli d’Italia (FdI), qui a obtenu 24,2% des voix dans les Abruzzes et 17,4% en Basilicate, enregistrant une augmentation impressionnante par rapport à 2019, respectivement de 17,5 et 11,5 points de pourcentage ;
- Le principal parti d’opposition, le Parti démocratique (PD), n’a pas vraiment subi de défaite lors de ces élections, puisqu’il était le deuxième parti dans les deux régions et a également enregistré une augmentation notable de sas parts de voix par rapport à 2019, atteignant 20,3% dans les Abruzzes et 13,9% en Basilicate ;
- Forza Italia (FI) a également affiché une performance et une croissance positives par rapport à l’élection précédente, devenant le troisième parti avec environ 13% des voix dans les deux régions ;
- Les vrais perdants de ces élections ont été, dans les deux cas, la Lega au sein de la coalition de centre-droit et le Mouvement 5 étoiles (M5S) au sein de la coalition de centre-gauche. Dans les Abruzzes, la Lega a perdu près de 20 points de pourcentage, alors qu’en Basilicate le parti a reculé de 11 points par rapport à 2019, s’établissant juste au-dessus de 7,5 % des voix dans les deux régions.
En outre, au niveau régional, la configuration de la coalition de centre-droit a changé, le FdI remplaçant la Lega en tant que plus grand parti, à l’instar de ce qui s’est passé lors des précédentes élections nationales de 2022.
Enfin, le M5S a été choisi par seulement 7 % des électeurs dans les Abruzzes et 7,8 % en Basilicate, avec une perte de plus de 12 points de pourcentage par rapport à 2019 dans les deux cas. Cette débâcle s’explique par le changement complet de la stratégie politique du M5S, qui a consisté à rejoindre une coalition spécifique – le centre-gauche – plutôt que de se présenter de manière autonome sans aucune alliance. Ce choix a été impopulaire auprès de la base électorale du mouvement.
Dans ce contexte, l défaite du centre-gauche ne semble pas imputable au Parti démocrate (PD), mais plutôt à la très mauvaise performance du Mouvement Cinq-Étoiles (M5S) dans les deux régions. De même, la défaite du camp progressiste ne peut être imputée au choix des candidats, puisque dans les Abruzzes comme en Basilicate, les candidats de centre-gauche à la présidence ont obtenu plus de voix que les listes qui leur étaient rattachées : D’Amico a obtenu 284 748 voix contre 262 565 pour ses listes ; Marrese a obtenu 113 979 voix contre 108 135 pour les listes qui lui sont liées. Toutefois, si dans les Abruzzes l’écart entre Marsilio (53,5%) et D’Amico (46,5%) est de 7 points, en Basilicate Bardi (56,6%) devance Marrese (42,2%) de plus de 11 points. Cet écart plus important peut être attribué à la fois à une évaluation généralement positive par l’électorat des capacités de Bardi à gouverner et au succès des listes centristes Azione et Italia Viva (cette dernière se présentant sous la dénomination Orgoglio Lucano) en Basilicate, qui ont toutes deux obtenu plus de 7 % des voix et un total de 3 sièges (2 et 1 respectivement), jouant finalement un rôle décisif dans la victoire de Bardi (Angelucci, 2024b).
La géographie du vote
Conformément à une tendance bien connue dans le paysage politique italien (Cataldi et al., 2024), les élections régionales dans les Abruzzes et en Basilicate ont confirmé la capacité du centre-droit à obtenir ses meilleurs résultats dans les petites villes, les zones rurales et les régions les plus périphériques du pays. Le centre-gauche, quant à lui, a été relativement plus compétitif (mais pas nécessairement victorieux) dans les centres urbains.
Dans les Abruzzes, une division territoriale claire entre la côte et les zones intérieures est apparue (voir figure a). Dans les provinces côtières de Chieti, Pescara et Teramo, l’avance du candidat présidentiel du centre-droit sur son concurrent du centre-gauche était d’environ 2 points de pourcentage. Marsilio (centre-droit) a gagné à Chieti (+3,1) et Pescara (+3,4), tandis qu’il a perdu de peu à Teramo (-0,4). Cependant, le résultat décisif est venu de la province de L’Aquila, seule province non-côtière et la plus grande par la superficie et le nombre de municipalités, mais aussi la moins densément peuplée. Dans cette province, le centre-droit a dominé avec une marge de près de 23 points de pourcentage, donnant au centre-droit un net avantage dans le décompte global. Ces premières données montrent clairement une région divisée en deux par un clivage net qui sépare la côte de l’intérieur des terres. Un autre clivage sépare les grands centres urbains des municipalités plus petites et relativement plus périphériques (situées pour la plupart le long de la crête des Apennins). Parmi les 17 grandes municipalités (plus de 15 000 habitants), le centre-gauche l’a emporté dans 7 villes, dont Pescara, Teramo et Vasto, tandis que le centre-droit l’a emporté dans les 10 autres. Dans l’ensemble, le centre-droit a obtenu 51,4 % des voix dans les grandes municipalités, contre 48,6 % pour le centre-gauche. Dans les petites municipalités, l’écart est plus important (centre-droit 55,5 % – centre-gauche 44,5 %). Le centre-droit a obtenu 156 192 voix dans les grands centres (+8 708 voix par rapport au centre-gauche) et 171 468 voix dans les petites municipalités, avec une marge beaucoup plus importante (+ 34 204 voix). La défaite du centre-gauche dans les Abruzzes s’est donc largement concentrée dans la province de L’Aquila, en particulier dans ses 105 petites municipalités. Ce résultat confirme le clivage structurel entre zones urbaines et périphériques déjà observé au niveau national (Cataldi et al., 2024) : le centre-gauche est relativement compétitif dans les grands centres urbains les plus intégrés, tandis que le centre-droit domine dans l’intérieur et les zones rurales. Bien que la province de L’Aquila ne présente pas des indicateurs macroéconomiques très différents de ceux des autres provinces des Abruzzes, elle souffre de problèmes aigus de dépeuplement, de vieillissement et de difficultés infrastructurelles, qui la rendent marginale sur le plan social et territorial (Angelucci, 2024). Dans ces zones, où l’accès aux services est limité et la demande de protection sociale plus forte, c’est le centre-droit qui a su tirer son épingle du jeu. Il n’est donc pas surprenant que le débat sur les infrastructures – comme le projet de modernisation de la ligne ferroviaire reliant Rome à Pescara, en passant par la province de L’Aquila – ait été central. Ainsi, quelques jours seulement avant l’élection dans les Abruzzes, le gouvernement a approuvé un financement de plus de 700 millions d’euros au titre du Fonds de développement et de cohésion 2021-2027 pour les travaux de modernisation de la ligne Rome-Pescara. Cette décision a été prise après que le projet de modernisation et d’amélioration eut été initialement entièrement inclus parmi les projets financés par le Plan national de relance et de résilience (PNRR), pour être ensuite retiré en 2023 par le gouvernement Meloni afin de réorienter les fonds vers des projets considérés comme plus urgents ou plus faciles à mettre en œuvre. Il est difficile d’évaluer si cette décision du gouvernement a influencé les choix de l’électorat des Abruzzes. Dans tous les cas, un fossé profond semble s’être creusé entre les électeurs vivant dans les zones les plus marginales et les plus défavorisées et les partis du camp progressiste. C’est précisément dans ces zones, où le besoin de protection sociale et économique est vraisemblablement plus fort, que le centre-droit a su le plus solidement prendre racine.
Marsilio | D’Amico | Différence CDX-CSX | |
Chieti | 51,5 | 48,5 | 3,1 |
L’Aquila | 61,3 | 38,7 | 22,6 |
Pescara | 51,7 | 48,3 | 3,4 |
Teramo | 49,8 | 50,2 | -0,4 |
Grandes villes | 51,4 | 48,6 | 2,9 |
Petites communes | 55,5 | 44,5 | 11,1 |
Total régional | 53,5 | 46,5 | 7,0 |
Note : La partie supérieure du tableau indique le pourcentage de votes valides obtenus par les candidats à la présidence dans les provinces des Abruzzes. La partie inférieure du tableau indique le pourcentage de votes valides obtenus par les candidats à la présidence dans les grandes municipalités (plus de 15 000 habitants) et les petites municipalités. Source : Adapté d’Angelucci (20) : Adapté de Angelucci (2024a).
De même, les élections en Basilicate ont été caractérisées par une répartition territoriale hétérogène du vote (voir figure b). Si Bardi l’a emporté avec une avance de plus de 14 points de pourcentage sur Marrese, l’écart varie fortement d’une municipalité à l’autre. Parmi les cinq plus grandes communes (plus de 15 000 habitants), Bardi l’a emporté à Potenza, Policoro et Melfi, tandis que Marrese l’a emporté à Matera et Pisticci. Dans les grands centres (plus de 15 000 habitants), le centre-droit a obtenu 51,2% des voix contre 46,4% pour le centre-gauche, soit un écart de 4,8 points. Enfin, dans les petites municipalités (moins de 15 000 habitants), l’avantage de Bardi s’est considérablement accru : 59,1% contre 40,2%, soit une différence de près de 19 points de pourcentage.
Bardi | Marrese | Follia | Différence CDX-CSX | |
Matera | 48,1 | 49,9 | 2,0 | -1,9 |
Potenza | 60,9 | 38,3 | 0,8 | 22,6 |
Grandes villes | 51,2 | 46,4 | 2,4 | 4,8 |
Petites communes | 59,1 | 40,2 | 0,6 | 18,9 |
Total régional | 56,6 | 42,2 | 1,2 | 14,5 |
Note : La partie supérieure du tableau indique le pourcentage de votes valides obtenus par les candidats à la présidence dans les provinces de Matera et Potenza. La partie inférieure du tableau indique le pourcentage de votes valides obtenus par les candidats à la présidence dans les grandes municipalités (plus de 15 000 habitants) et les petites municipalités. Source : Adapté d’Angelucci (20) : Adapté de Angelucci (2024b).
Conclusions
Les élections dans les Abruzzes et en Basilicate ne semblent pas confirmer le modèle traditionnel des élection de second ordre (Reif et Schmitt, 1980). En effet, malgré la baisse de la participation par rapport aux élections nationales de 2022, les partis du gouvernement national n’ont pas été sanctionnés lors de ces élections régionales ; au contraire, les deux présidents de centre-droit ont été réélus. Pour expliquer cette évolution, l’hypothèse avancée par Scantamburlo et al. (2024) semble la plus plausible : être le principal parti au gouvernement régional peut être une ressource importante pour atténuer les tendances défavorables aux partis du gouvernement national prédites par la théorie. Tant dans le cas de Marsilio que dans celui de Bardi, on observe une forme de prime au sortant qui a considérablement augmenté la probabilité d’une stabilité électorale de leurs partis, lesquels ont par ailleurs enregistré, au plan national, certaines de leurs meilleures performances dans ces régions (respectivement, FdI dans les Abruzzes avec 24,2 % des voix et FI en Basilicate avec 13 %).
En outre, les données analysées confirment la division entre zones urbaines et rurales, une tendance déjà observée en Italie et explorée par d’autres études (Cataldi et al., 2024). En d’autres termes, tant dans les Abruzzes que dans la Basilicate – à quelques nuances près – la coalition progressiste domine largement dans les zones urbaines, tandis que dans les zones rurales, c’est la coalition de centre-droit qui a tendance à l’emporter.
En élargissant la comparaison aux autres élections régionales organisées en Europe en 2024 (Grimaldi et Pala, 2024), les élections dans les Abruzzes et en Basilicate présentent à la fois des similitudes et des différences avec les tendances continentales. Les principales similitudes concernent la grande stabilité des coalitions au pouvoir ; en effet, comme dans la plupart des cas européens, il n’y a pas eu d’alternance politique, les présidents sortants ayant été réélus (voir, par exemple, les cas des présidents régionaux des Açores, de la Communauté germanophone de Belgique, du Brandebourg, de la Saxe, de la Galicie, de la Moravie du Sud, de la Bohême centrale et méridional, et du Piémont). Une autre similitude est le succès notable des partis de centre-droit, qui ont souvent réussi à parvenir au gouvernement dans diverses régions européennes ; en fait, les cas où des coalitions de centre-gauche l’ont emporté en 2024 ont été assez rares (Catalogne, Pays basque, Brandebourg, Sardaigne, Ombrie, Émilie-Romagne). Enfin, ces deux régions italiennes s’inscrivent dans une tendance générale qui voit les partis populistes européens remporter des succès électoraux (notamment Chega au Portugal, Vox en Espagne, ANO en République tchèque, le PiS en Pologne, l’AfD en Allemagne et le FPÖ en Autriche). Toutefois, en Italie, seul le parti populiste d’extrême droite FdI a obtenu un soutien significatif, tandis que la Lega a connu un déclin important. La principale spécificité de ces élections concerne la participation : les élections régionales italiennes, y compris celles des Abruzzes et de la Basilicate, ont connu une participation considérablement plus faible que la moyenne européenne, qui a oscillé autour de 61 %. Cette participation moyenne assez élevée peut s’expliquée par le calendrier électoral, certaines des régions européennes qui renouvelaient leur parlement en 2024 ayant des identités territoriales particulièrement marquées. Toutefois, la Basilicate a enregistré un taux de participation encore plus bas que la moyenne italienne (50,6 %), bien qu’il ne s’agisse pas du taux le plus bas – un record qui revient à la Ligurie avec seulement 46 % de votants.
Les données
Abruzzes




Basilicate




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citer l'article
Davide Angelucci, Selena Grimaldi, Elections régionales dans les Abruzzes et en Basilicate, mars-avril 2024, Groupe d'études géopolitiques, Sep 2025,