Bulletin des Élections de l’Union Européenne
Élection présidentielle à Chypre, 5 et 12 février 2023
Issue #4
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Issue #4

Auteurs

Yiannos Katsourides

Numéro 4, Janvier 2024

Élections en Europe : 2023

Les 5 et 12 février 2023, les électeurs chypriotes se sont rendus aux urnes pour élire le huitième président de l’histoire de la République de Chypre. La Constitution de la République prévoit une séparation claire des pouvoirs. Le pouvoir exécutif est exercé par le président. Celui-ci nomme le cabinet et n’est pas responsable devant le parlement, qui joue un rôle secondaire. Le pouvoir important dévolu à la fonction présidentielle – le plus puissant à l’échelle de l’UE – place le président chypriote, à la fois chef de l’État et chef du gouvernement, au cœur du système politique. De ce fait, les élections présidentielles sont les plus importantes à Chypre, car il est crucial pour tous les acteurs politiques d’avoir accès à l’exécutif. La constitution prévoit un système d’élections à deux tours, un second tour étant organisé si aucun des candidats ne dépasse le seuil de 50 % des voix plus une au premier tour. Cette dernière condition oblige tous les partis politiques à nouer des alliances.

Éléments de contexte

Les leçons spécifiques de la campagne de 2023 sont cohérentes avec les tendances sociales et électorales de plus long terme au sein de l’électorat et du système de partis chypriote. Ces tendances incluent une défiance croissante vis-à-vis des institutions politiques et en particulier des partis politiques, qui ne bénéficient plus que d’un très faible niveau de confiance ; l’autonomie toujours plus grande des électeurs par rapport aux partis politiques et l’individualisation de leur comportement politique ; et l’affaiblissement de l’influence des partis, autrefois très puissants. Certes, les « machines partisanes » restent importantes dans les campagnes, mais elles ne sont plus aussi décisives qu’auparavant.

Parallèlement, on observe un vote « anti-système » parfois caché, mais de plus en plus souvent assumé, que l’on peut concevoir comme une opposition aux pratiques des partis traditionnels (par exemple le clientélisme, la corruption, les scandales, etc.). Cet antipartisme est principalement dirigé contre les quatre anciens partis de l’île : le Rassemblement démocratique de droite (DISY), le parti communiste rénové AKEL, le Parti démocratique de centre-droit (DIKO) et le parti socialiste EDEK. Cette tendance antisystème est l’expression d’une méfiance à l’égard de ce que les citoyens perçoivent comme l’establishment politique auquel appartiennent les quatre principaux partis.

C’est dans ce contexte que les partis traditionnels ont perdu une part significative de leur électorat depuis le début des années 2000. À titre indicatif, les quatre principaux partis avaient obtenu 93,14 % des voix lors des élections législatives de 2001, contre 68,12 % en 2021, créant ainsi des écarts dans la représentation politique et des conditions de fluidité et d’imprévisibilité dans le système des partis.

Le gouvernement sortant dirigé par N. Anastasiades, ancien leader du DISY, a gouverné le pays pendant les dix dernières années. Il a été élu pour la première fois en 2013 au milieu de la crise économique, sa réélection en 2018 étant basée sur la combinaison de deux facteurs : (a) la reconnaissance de ce que ses politiques économiques ont permis de stabiliser l’économie et (b) la défiance vis-à-vis de l’opposition et en particulier de l’AKEL, perçu comme incapable de présenter une alternative cohérente, viable et digne de confiance. Cependant, son second mandat a été gâché par des accusations de corruption et des scandales ; pendant cette période, il a perdu tous ses alliés et a gouverné en s’appuyant uniquement sur le soutien de son propre parti, DISY.

La campagne, les partis et les candidats

La campagne a officiellement démarré en décembre 2021, quatorze mois avant le jour de l’élection, lorsque le président du parti de droite DISY, A. Neophytou, a rendu publique sa candidature. Cette annonce précoce visait à prendre les devants d’une éventuelle candidature de N. Christodoulides, le très populaire ministre des affaires étrangères du gouvernement sortant, membre du même parti et très proche associé du président sortant N. Anastasiades – une candidature à laquelle il n’a finalement pas pu échapper. Christodoulides a habilement évité de participer à la procédure de sélection des candidats de son propre parti, se sachant dans une position désavantageuse par rapport au président, qui contrôlait le comité de sélection. Il a également démissionné de son poste ministériel pour se concentrer sur sa campagne électorale. En conséquence, le parti a passé toute la campagne dans des conditions de division et de repli sur soi qui se sont reflétées dans les sondages : pendant toute la durée de la campagne, environ 40 % des électeurs du DISY ont indiqué leur préférence pour Christodoulides, tandis que DISY était politiquement isolé de tous les autres partis.

L’opposition n’a pas non plus réussi à s’accorder sur un candidat et sur un « manifeste pour le changement » commun. Les différences d’approches et de souhaits entre les formations se sont avérées plus puissantes que leur désir commun de coopération et d’alternance. Leurs chemins se sont séparés et la plupart des partis d’opposition (DIKO, EDEK, DIPA [centre-droit, scission de DIKO] et d’autres petits partis) ont fini par soutenir, un peu maladroitement, la candidature de Christodoulides, en grande partie en raison de sa popularité déjà établie. Après avoir échoué à trouver un accord avec les autres partis d’opposition, l’AKEL a oscillé entre un soutien à la candidature de centre-droit d’A. Mavroyiannis, fonctionnaire au ministère des affaires étrangères et ancien négociateur pour le problème chypriote, qu’il a fini par soutenir, et à celle de l’avocat A. Demetriades, militant du mouvement en faveur de la réunification de Chypre.

Le Front populaire national (ELAM), parti d’extrême droite, a présenté son propre candidat, le président du parti, C. Christou, dans un acte stratégique visant à consolider son audience et sa présence électorale. Les Verts, pour leur part, n’ont pas été en mesure de soutenir (officiellement) un candidat, car leurs statuts requièrent une majorité de 60% en faveur d’un candidat pour que celui-ci puisse bénéficier de l’appui officiel du parti – un obstacle que le congrès du parti s’est avéré incapable de surmonter en raison de divergences d’opinion.

Au total, 14 candidats de différentes orientations idéologiques se sont présentés aux élections. Toutefois, presque tous les candidats étaient issus du centre-droit et de la droite. On peut distinguer trois grandes catégories de candidats : les trois principaux candidats soutenus par les principaux partis (Neophytou, Christodoulides et Mavroyiannis) ; les quatre candidats « mineurs », c’est-à-dire le leader du parti d’extrême droite ELAM et trois autres candidats indépendants disposant d’un soutien non négligeable au sein de l’opinion publique (Demetriades, Kolokasides et Christophides) ; et les sept candidats restants, plus marginaux.

CandidatsSoutien des partis
Averof NeophytouDISY
Andreas MavroyiannisAKEL
Nicos ChristodoulidesDIKO, DIPA, EDEK (également soutenu par le Mouvement de solidarité et le Mouvement des chasseurs)
Christos ChristouELAM
Figure a · Candidats soutenus par le(s) parti(s) parlementaire(s)

Les tendances électorales concernant les principaux candidats, telles qu’elles ressortent des quelque 50 sondages d’opinion, sont restées relativement stables tout au long de la campagne. N. Christodoulides a mené la course du début à la fin, tandis que les deux autres principaux candidats – A. Mavroyiannis et A. Neophytou – se disputaient la deuxième place, Mavroyiannis prenant finalement l’avantage au cours des deux derniers mois de la campagne. DISY et AKEL ont tous deux mené une campagne de « rassemblement » pendant la majeure partie de la campagne, réalisant qu’ils luttaient pour leur survie : pour la première fois, les deux grands partis étaient confrontés au danger imminent d’être éliminés au second tour. Mais cette stratégie de mobilisation de leurs propres électeurs a finalement constitué une faiblesse pour les deux grands partis, particulièrement DISY, qui ont échoué à attirer les électeurs n’appartenant pas à leur audience traditionnelle Christodoulides s’est positionné comme candidat capable d’unir les Chypriotes de toutes affiliations partisanes et de rassembler les citoyens par delà les clivages idéologiques, en capitalisant sur sa popularité parmi les électeurs de l’ensemble des partis. Les « candidats mineurs et marginaux » ont tenté de capter le vote anti-système et ont été crédités de scores élevés dans les sondages tout au long de la campagne (plus de 15 %).

La campagne, bien que toxique à certains égards, a été globalement moins polarisée et passionnée que lors des périodes préélectorales précédentes. Cela s’explique principalement par les différences plutôt minimes entre les manifestes des trois principaux candidats concernant les grands thèmes de la politique chypriote. Tous trois convenaient que s’agissant du problème chypriote, un accord devait être recherché dans le cadre d’une fédération bicommunautaire et bizonale (BBF) ; dans le domaine de l’économie, les candidats étaient tous favorables à un système mixte mettant l’accent sur l’esprit d’entreprise ; et en ce qui concerne l’orientation internationale de Chypre, son inscription dans le cadre de l’UE et du bloc occidental ont été unanimement soulignés.

Les questions les plus importantes de la campagne n’étaient pas si différentes de celles qui avaient dominé les campagnes précédentes. Toutefois, la hiérarchie entre elles a changé. Le problème chypriote, autrefois dominant, est passé au second plan, à l’exception de quelques brèves périodes de la campagne lors desquelles les responsabilités du gouvernement sortant dans l’absence d’accord lors du précédent cycle de négociations a été pointé du doigt. L’économie dans ses diverses dimensions (État-providence, relations de travail, inflation, coût de la vie, logement, pauvreté, chômage, etc) a dominé la campagne aux côtés des questions de corruption. L’opposition a souligné les échecs du gouvernement dans le programme d’investissement dit des « passeports dorés » qui permettait à des individus fortunés d’obtenir la citoyenneté chypriote en échange d’un investissement financier important dans le pays. Le programme a été critiqué en raison de l’absence de mesures de contrôle adéquates qui a permis à des individus aux antécédents controversés, dont certains étaient sous le coup d’enquêtes criminelles et de sanctions internationales, d’obtenir un passeport chypriote et, par extension, de l’Union européenne. Les critiques les plus vives se sont toutefois dirigées contre le président lui-même et certains de ses ministres, au motif que ceux-ci auraient bénéficié personnellement de ce programme.

Les résultats

Le nombre total de citoyens chypriotes âgés de plus de 18 ans, et disposant par conséquent du droit de vote, s’élevait à 724 619. Cependant, seuls 561 273 d’entre eux étaient inscrits sur les listes électorales. Ainsi, environ 164 000 citoyens chypriotes (soit environ 23 %) ont choisi de ne pas s’inscrire. Parmi ces 164 000 personnes, près de 72 000 appartiennent à la tranche d’âge des 18-25 ans.

Le premier tour (5 février 2023)

Sans surprise, N. Christodoulides a remporté le premier tour avec 32,04 % des voix, obtenant le soutien d’environ un tiers des partisans du DISY. Ce dernier point a constitué le facteur décisif qui lui a permis d’accéder au second tour. La stratégie de campagne de Christodoulides, qui consistait à ne pas s’éloigner de son parti et du gouvernement qu’il avait servi pendant 9 ans, a ainsi porté ses fruits. Pour sa part, Mavroyiannis a obtenu 29,59 % et s’est classé deuxième, un résultat plutôt surprenant et supérieur aux attentes. A. Neophytou s’est classé troisième avec 26,11 %, plaçant le DISY dans une position délicate : pour la première fois, le candidat du parti échouait à se qualifier pas le second tour des élections présidentielles.

À l’exception du leader de l’ELAM, les candidats dits « mineurs » n’ont pas obtenu les résultats escomptés, ne recueillant finalement que 6,21 % des voix. Leurs candidatures ont été affaiblies dans les derniers jours de la campagne par le duel entre l’AKEL et le DISY, qui, dans leur lutte pour obtenir une place au se second tour, ont utilisant avec succès l’argument du « vote utile ». Le candidat d’extrême droite, C. Christou, leader de l’ELAM, a obtenu 6,04 %, démontrant une fois de plus l’ancrage durable de l’extrême droite chypriote grecque sur l’île.

Candidat%
Nicos Christodoulides32,04
Andreas Mavroyiannis29,60
Averof Neophytou26,11
Christos Christou6,04
Achilleas Demetriades2,04
Constantinos Christophides1,59
Giorgos Kolokasides1,33
Others1,25
Figure b · Résultats du premier tour

L’abstention a atteint 27,95 % (156 952 électeurs). Si l’on ajoute à ce chiffre celui des électeurs non inscrits sur les listes électorales, on constate qu’environ la moitié des électeurs n’ont pas exercé leur droit de vote, ce qui pose naturellement la question de la légitimité du résultat.

Les résultats témoignent une fois de plus de la forte orientation à droite de l’électorat chypriote. Le seul candidat de gauche radicale a obtenu un score marginal de 0,22 % (867 voix) tandis que candidat soutenu par le courant principal de la gauche, Mavroyiannis, recevait 29,6 % des voix. Ainsi, le (centre)-droit apparaît électoralement dominant et politiquement hégémonique à Chypre.

Les sondages de sortie des urnes ont également révélé qu’un nombre important d’électeurs n’ont pris leur décision qu’au cours des derniers jours, voire le jour même de l’élection, la majorité d’entre eux ayant finalement choisi Mavroyiannis. Cela explique en grande partie le très bon résultat de Mavroyiannis et la réduction de l’écart avec Christodoulides.

Ce résultat a plongé le DISY dans une séquence d’introspection tendue. Un bureau politique houleux s’est tenu le lendemain du premier tour, révélant un parti divisé et une divergence d’opinion importante entre le Président de la République sortant, N. Anastasiades, qui souhaitait que le DISY soutienne Christodoulides, et A. Neophytou et ses partisans au sein du parti, qui lui préféraient Mavroyiannis. Le parti a finalement décidé de recommander à ces électeurs un « vote de conscience ». Cependant, les cicatrices étaient profondes. À ce stade, les tensions internes devaient être résolues lors d’un congrès annoncé en deux parties : en mars 2023, l’élection à la présidence du parti devaient avoir lieu, suivie en mai 2023 du renouvellement du reste de la direction nationale.

Le second tour (12 février 2023)

Nikos Christodoulides a remporté le second tour avec une marge beaucoup plus faible que prévue : 51,97 %, contre 48,03 % pour A. Mavroyiannis. Le taux de participation a été de 72,45 %, soit -0,40 point par rapport au premier tour et -1,52 point par rapport au second tour de l’élection présidentielle de 2018.

C’est la première fois dans l’histoire électorale de Chypre que le président élu n’est soutenu par aucun des deux partis principaux. Cette évolution revêt une importance particulière en raison des conséquences qu’elle pourrait avoir sur le (nouvel) équilibre des pouvoirs dans le système des partis et, en particulier, au sein du parlement. En effet, le président ne dispose pas de la majorité parlementaire. Bien que cela ne soit pas nouveau dans l’histoire parlementaire de Chypre, c’est la première fois que les deux grands partis sont dans l’opposition. Cette situation signifie que la recherche d’alliances et de compromis pour l’adoption de lois constituera une lutte constante et que les accords trouvés pourraient n’être qu’éphémères, à moins que l’un des deux grands partis (cela ne peut être le cas que du DISY) ne décide de rejoindre la coalition gouvernementale dans un avenir proche.

Il était attendu que les électeurs de l’ELAM plébiscitent Christodoulides, non seulement parce que la décision de la direction du parti désignait indirectement Christodoulides, mais aussi parce que son électorat ne se rangerait jamais du côté d’un candidat soutenu par l’AKEL, principal parti de gauche. De ce fait, les électeurs du DISY, qui allaient déterminer dans une large mesure le nouveau président, étaient au centre de l’attention. Or A. Neophytou et tous ceux qui, au sein du DISY, voulaient punir Christodoulides pour sa « défection » ont été rejetés par la grande majorité des électeurs du parti. Les sondages de sortie des urnes ont clairement montré qu’environ 75 % des électeurs du DISY qui se sont rendus aux urnes ont voté pour Christodoulides, ce qui prouve que le clivage gauche-droite marque toujours une grande partie de la base sociale du DISY.

En définitive, ces élections ont constitué une épreuve douloureuse pour le DISY et son président, finalement contraint de démissionner bien qu’il ait déclaré auparavant qu’il se présenterait aux élections internes pour la présidence du parti.

Le jour d’après

Les résultats définitifs ne permettent pas de savoir si les Chypriotes ont voté pour le changement ou la continuité. D’une part, la majorité semble avoir choisi la continuité, Christodoulides étant présenté comme le candidat le plus proche du président et du gouvernement sortants. D’autre part, le fait même de son élection indique une discontinuité avec le passé ; quoique s’étant présenté en tant que candidat indépendant et contre la volonté de son parti, il a été en mesure de remporter le scrutin.

Le nouveau président a suscité de grandes attentes, lesquelles furent immédiatement tempérées par son premier acte politique. En effet, la nomination par Christodoulides de son nouveau cabinet ne répondait pas à la plupart de ses promesses préélectorales (par exemple s’agissant des quotas de genre, l’absence de service antérieur dans les postes respectifs, etc.). L’attention se porte désormais davantage sur ses politiques en matière d’immigration, de corruption, de relations avec l’Église et sur le problème chypriote, et moins sur l’économie, pour laquelle on s’attend à ce qu’il poursuive la politique du gouvernement précédent. Sa mission est assurément difficile, car ses décisions pourraient mettre en péril le soutien déjà minoritaire dont il bénéficie au parlement. Son avenir politique dépendra également des décisions et du positionnement du DISY à l’égard du gouvernement. Les tensions sont désormais apaisées, et de nombreux cadres du DISY ont affirmé qu’ils espéraient trouver des moyens de renouer avec le président élu. À cette fin, Christodoulides, en accord avec DISY, a décidé de siéger avec les dirigeants du Parti populaire européen au Conseil européen.

Le résultat des élections ne laisse pas présager une transformation radicale du système des partis. Les partis traditionnels semblent perdurer malgré les problèmes qu’ils ont rencontré, et les candidats dits mineurs n’ont pas obtenu les résultats qui leur permettraient de former de nouvelles plates-formes électorales, comme certains d’entre eux l’avaient annoncé avant les élections. Dans le processus de renouvellement en cours, les partis centristes qui ont soutenu le président élu – DIKO, DIPA et EDEK – ont en quelque sorte gagné du temps. Ils ont désormais accès au gouvernement et à tous les avantages que cela pourrait impliquer pour la défense de leurs circonscriptions.

Le parti d’extrême droite ELAM a consolidé sa présence tout en normalisant ses positions et sa rhétorique auprès de l’électorat. Les Verts, bien que dans l’opposition, devront redéfinir leur rôle, n’ayant pratiquement pas pu influencer le processus en raison de leurs règles internes.

Après le bon résultat de Mavroyiannis, l’AKEL se trouve dans une position beaucoup plus confortable ; toutefois, des difficultés ne sont pas à exclure. Le parti, qui a subi une troisième défaite consécutive aux élections présidentielles, organisera une importante conférence statutaire en septembre 2023, au cours de laquelle des changements dans son mode d’organisation sont attendus. Certains membres et collaborateurs du parti demandent une ouverture au centre-gauche, ce qui pourrait déclencher des discussions plus larges sur l’identité du parti. On observe par ailleurs des signes de changement à gauche et au centre-gauche du spectre idéologique : la branche chypriote de DIEM25 a annoncé son opération et a l’intention de se présenter aux élections européennes de 2024 ; D. Papadakis, un député européen élu avec l’EDEK et depuis exclu du parti, a également annoncé son intention de créer une nouvelle formation de centre-gauche s’inscrivant au sein de la social-démocratie européenne.

Le DISY est le parti qui a connu la crise la plus profonde à l’issue de ces élections. Toutefois, l’agitation semble s’être apaisée, tous les responsables du parti soulignant la nécessité de l’unité. La démission d’A. Neophytou a aussi ouvert la voie à la nouvelle génération du parti. Deux jeunes cadres se sont présentés au scrutin pour l’élection du nouveau président du parti, et c’est l’actuelle présidente du parlement, A. Demetriou, âgée de 38 ans, qui a remporté la compétition, devenant ainsi la première femme présidente du DISY. Par la suite, toutes les autres candidatures aux postes de direction restants ont été présentées par des personnes qui n’avaient pas occupé ces postes auparavant, ouvrant la voie à un renouvellement complet de la direction du parti. La future stratégie du partie – rapprochement progressif avec le gouvernement ou maintien dans l’opposition comme le prévoit sa position actuelle – aura des effets importants sur le fonctionnement général du système politique. Le DISY apparaît aux prises avec une crise d’identité qui touche de nombreux domaines, y compris son idéologie, sa stratégie d’alliances et ses relations avec le gouvernement.

Les données

Premier tour

Second tour

Bibliographie

Triga, V. & Ioannidis, N. (2023). The Cypriot presidential election of 2023 and its aftermath. PRIO Cyprus Centre. Nicosia: Friedrich-Ebert-Stiftung Cyprus Office.

Ellinas, A. A. et Katsourides, Y. (2021). The Silent Electoral Earthquake in Cyprus: A Crisis of Political Representation. South European Society and Politics, 26:3, p. 413-436.

Triga, V., Mendez, F. et Tziouvas, C. (2018). Post-crisis normalisation? The 2018 Presidential Elections. South European Society and Politics, 24:1, p. 103-127.

Presidential elections 2023. Statement by the General Election Commissioner for the procedural issues pertaining the presidential elections. Online.

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Yiannos Katsourides, Élection présidentielle à Chypre, 5 et 12 février 2023, Groupe d'études géopolitiques, Nov 2023,

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