Élections législatives en Bulgarie, 2 octobre 2022
Petar Bankov
Assistant de recherche à l'Université de GlasgowIssue
Issue #3Auteurs
Petar BankovNuméro 3, Mars 2023
Élections en Europe : 2022
Le 2 octobre 2022, la Bulgarie a organisé son quatrième scrutin parlementaire en l’espace de 18 mois, battant ainsi le record de la démocratie établie ayant organisé le plus d’élections parlementaires dans le laps de temps le plus court. Ces élections ont connu le taux de participation le plus faible depuis la démocratisation de la Bulgarie en 1990 : seuls 39,4 % des électeurs ont décidé de se rendre aux urnes. Les résultats des élections ont perpétué l’impasse politique qui perdure depuis deux ans, avec peu de perspectives pour une coalition gouvernementale viable. En conséquence, le pays est toujours dirigé par un gouvernement intérimaire, installé directement par le président bulgare, Rumen Radev.
Le contexte
Les élections d’octobre 2022 constituaient la troisième élection anticipée consécutive organisée depuis l’élection ordinaire d’avril 2021, faisant suite aux élections anticipées de juillet et novembre 2021. Les élections de novembre 2021 ont donné naissance à un gouvernement de coalition quadripartite entre le parti libéral centriste Nous poursuivons le changement (PP, sans affiliation européenne), le Parti Socialiste Bulgare de centre-gauche (BSP, S&D), le parti populiste Il y a un tel peuple (ITN, sans affiliation européenne) et l’alliance libérale de droite, Bulgarie démocratique (DB, PPE/Verts-ALE). L’opposition était principalement composée du parti de centre-droit Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB, PPE), du parti libéral centriste Mouvement pour les droits et libertés (DPS, Renew), représentant l’importante minorité turque du pays, ainsi que du parti populiste de droite radicale Revival (Vazrazhdane, sans affiliation européenne).
La formation de ce gouvernement intervient après des mois de manifestations anti-gouvernementales massives en 2020 et les efforts combinés et imparfaitement coordonnés des partis réformateurs pour endiguer la régression démocratique en Bulgarie, dont le paysage politique est dominé depuis 12 ans par le GERB de Boyko Borisov. Dirigé par le premier ministre Kiril Petkov et le ministre des finances Asen Vasilev (tous deux PP), le gouvernement s’est lancé dans un programme ambitieux de répression de la corruption, d’amélioration de la protection sociale et de réduction des impôts, s’engageant dans une trajectoire pro-européenne et pro-atlantique plus prononcée que celle des gouvernements précédents dirigés par le GERB. Ces positions ont rapidement provoqué des réactions internes et externes. La répression de la corruption s’est heurtée à l’opposition farouche du GERB et du DPS, notamment après l’arrestation de Boyko Borisov en mars 2022. L’arrestation elle-même est apparue comme une étape importante dans les efforts de lutte contre la corruption et de rétablissement de la démocratie, le gouvernement ayant affirmé avoir fourni au ministère public des preuves suffisantes des pratiques corrompues de Borisov. Mais la libération de Borisov dès le jour suivant, consécutive au refus du ministère public d’engager des poursuites, a transformé cette action en une débâcle pour le gouvernement. L’exécutif avait en effet utilisé cette action pour renforcer sa crédibilité dans un contexte d’indécision sur d’autres questions politiques (voir les paragraphes suivants). La tentative du gouvernement de faire de la libération de Borisov une preuve du contrôle de l’ancien régime sur le parquet semble avoir exacerbé cette perception. Après sa libération, Borisov a affirmé que le gouvernement utilisait la campagne de lutte contre la corruption pour réprimer l’opposition politique (Mitov, 2022), tandis que le gouvernement a souligné que la répression touchait principalement les entreprises affiliées au GERB et au DPS (news.bg, 2022).
Sur le plan interne, les quatre partis ont eu de plus en plus de mal à trouver un terrain politique commun. Par exemple, le BSP était réticent à fournir une aide militaire à l’Ukraine, ce qui a conduit le gouvernement à formuler une politique ambiguë d’“assistance militaro-humanitaire”. Cette ambiguïté a permis au BSP de maintenir sa ligne officielle d’absence d’implication directe de la Bulgarie dans la guerre en Ukraine, tout en permettant à la coalition de rester stable. Pourtant, c’est le désaccord entre le PP et ITN qui a provoqué la fin de la coalition gouvernementale. Après des mois de désaccords politiques mineurs, le rejet de la demande du vice-premier ministre et ministre régional affilié à ITN, Grozdan Karadzhov, concernant un financement supplémentaire pour des projets d’infrastructure, ainsi que le désaccord d’ITN avec la politique de M. Petkov consistant à soutenir la proposition française sur la feuille de route pour l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE, ont conduit le chef du parti ITN, Slavi Trifonov, à retirer son parti de la coalition le 8 juin 2022.
Les conséquences de ce retrait ont été doubles. Tout d’abord, ITN s’est divisé, plusieurs de ses députés et ministres ayant quitté le parti et décidé de continuer à soutenir le gouvernement. En deuxième lieu, la coalition gouvernementale a eu des difficultés croissantes à rassembler un nombre suffisant de députés pour tenir des sessions parlementaires. Une semaine après le départ d’ITN de la coalition, une audition parlementaire de la ministre des affaires étrangères, Teodora Genchovska, consacrée aux relations bulgaro-macédoniennes a tourné au chaos, conduisant à la destitution du président du parlement, Nikola Minchev, par le GERB, le DPS, Vazrazdhane et certains des députés d’ITN. La même alliance a voté une motion de censure le 22 juin en raison de “l’échec du gouvernement en matière de politique financière et économique”, mettant ainsi fin au gouvernement Petkov.
La chute du gouvernement Petkov est également le résultat de plusieurs facteurs externes. En premier lieu, le gouvernement est entré en conflit ouvert avec le président bulgare Rumen Radev en raison de désaccords sur la position bulgare concernant la guerre en Ukraine : alors que le gouvernement, et en particulier le PP et la DB, visait un soutien franc à l’Ukraine, Radev préconisait une position plus modérée. Derrière ces tensions, on pourrait également voir une tentative de Petkov et Vasilev de s’émanciper du président : tous deux avaient tiré leur capital politique initial de leur statut de ministres dans les précédents gouvernements intérimaires, et ont bénéficié d’un soutien substantiel des partisans de Radev en novembre 2021. Ils étaient ainsi considérés comme des hommes du président au parlement. Petkov et Vasilev ont démis de leurs fonctions certaines figures-clés installées par Radev dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale, une approche culminant avec le limogeage de Stefan Radev, ancien PM intérimaire et ministre de la défense dans le premier gouvernement du PP. Petkov et Vasilev ont ainsi perdu une importante source de soutien institutionnel et social. Conséquence de ce désaccord, le gouvernement intérimaire mis en place par Radev après l’appel à des élections anticipées a tenté d’inverser certaines des politiques de la coalition, en particulier celles liées aux livraisons de gaz.
Deuxièmement, l’arrêt unilatéral des fournitures de gaz par la Russie à la Bulgarie au début du mois d’avril a incité le gouvernement dirigé par le PP à rechercher des fournisseurs alternatifs. Bien que des solutions aient été trouvées grâce à des livraisons de gaz azéri, ainsi qu’à une nouvelle interconnexion de gaz GNL avec la Grèce, le gouvernement a été critiqué pour les prix prétendument plus élevés de ces livraisons et pour avoir favorisé les sociétés affiliées au PP en tant qu’intermédiaires pour les livraisons de gaz. Le gouvernement intérimaire suivant, nommé par Radev, a bien tenté d’entamer des pourparlers avec Gazprom pour rétablir les fournitures de gaz à la Bulgarie, mais les efforts actuels pour renégocier les termes du contrat n’ont pas abouti. Troisièmement, la position du gouvernement dirigé par le PP en faveur de la suppression du veto bulgare sur l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE a suscité d’importantes critiques de la part du public, même après l’approbation de la proposition française au lendemain du retrait d’ITN et du vote de défiance. Enfin, Petkov et Vasilev ont dû faire face à un paysage médiatique sensiblement hostile, avec des accusations régulières portant sur leur mode de vie, ainsi que sur le rôle du chef de cabinet du gouvernement, Lena Borislavova, dans la conception de la politique gouvernementale.
La campagne électorale
Suite à l’incapacité des partis représentés au Parlement à former un nouveau gouvernement, le président bulgare Rumen Radev a convoqué de nouvelles élections le 1er août et mis en place un gouvernement intérimaire dirigé par Galab Donev. La campagne a débuté officiellement le 2 septembre et a été peu animée, les partis s’attachant principalement à mobiliser leur base électorale. La campagne s’est articulée autour de quatre points essentiels. Le premier était le désaccord entre le PP et la DB sur l’opportunité de former une alliance électorale. Alors que la DB était ouverte à une telle possibilité, le PP a rapidement rejeté cette idée, arguant qu’il n’était “pas de droite” (segabg.com, 2022). Étant donné que les deux partis s’efforçaient de mobiliser des électorats similaires – urbains, très instruits et bénéficiant d’un salaire garanti – cette décision constituait une potentielle source de fragmentation. D’un autre côté, cependant, le soutien assumé des deux partis à l’Ukraine, leur refus catégorique de tout accord avec le GERB et le DPS, ainsi que leur insistance sur leur bilan anti-corruption à la tête du gouvernement ont conduit à une radicalisation de l’électorat urbain libéral de centre-droit, accroissant ce faisant leur potentiel de mobilisation.
Deuxièmement, le GERB a amplifié ses efforts pour sortir de l’isolement politique dans lequel il était entré depuis les élections d’avril 2021. Le parti a mis en avant son image pro-européenne en critiquant le gouvernement pour sa position plutôt indécise sur l’Ukraine, tout en réaffirmant son soutien à une adhésion rapide de la Bulgarie à la zone euro (Trud, 2022). Ce faisant, le GERB a préparé le terrain pour d’éventuelles discussions de coalition avec le PP etDB et s’est dépeint comme un partenaire de coalition responsable, tout en présentant le PP et la DB comme déraisonnables dans leur refus de conclure un tel accord. En troisième lieu, le parti de droite radicale populiste Vazrazhdane a encore augmenté son audience. Le parti avait doublé son soutien à chaque élection en 2021, entrant au parlement en novembre 2021 avec un message fort anti-restrictions sanitaires et anti-vaccination. La guerre en Ukraine a permis au parti d’étendre sa base de soutien en organisant plusieurs rassemblements prétendument anti-guerre, mais déployant dans les faits un discours et des symboles pro-russes. Vazrazhdane parle également ouvertement d’une sortie de la Bulgarie de l’UE et de l’OTAN, se positionnant ainsi comme une alternative claire à la fois aux partis les plus établis, tels que GERB, DPS et BSP, et aux partis réformateurs PP, DB et ITN. Il est ainsi parvenu à attirer les électeurs nationalistes et protestataires.
La quatrième question importante était de savoir si ITN et le nouveau parti national-conservateur Réveil bulgare (BV, sans affiliation européenne) de Stefan Yanev, ancien Premier ministre intérimaire proche de Radev, parviendraient à atteindre le seuil électoral. Au début de la campagne, les sondages donnaient un léger avantage à BV sur ITN, mais ITN a réussi à inverser la tendance à la veille des élections, menant une campagne active et et s’appuyant sur la chaîne de télévision 7/8, proche du parti. pour diffuser son message. La question de savoir lequel des deux partis allait s’imposer était importante, car celui-ci pourrait détenir la clé d’une éventuelle future coalition gouvernementale. Néanmoins, alors qu’ITN s’est déclaré ouvert à des conversations avec le PP si Petkov et Vasilev ne faisaient pas partie du nouveau gouvernement, BV s’est abstenu de prendre une position claire. Étant donné la grande proximité entre Yanev et Radev, l’entrée de son parti au parlement aurait permis au président bulgare d’influencer directement le travail parlementaire.
Les résultats
La participation électorale a été plus faible que jamais dans l’histoire démocratique de la Bulgarie depuis 1990, l’apathie politique et la désillusion face aux querelles incessantes entre les partis ayant semble-t-il détourné la population des urnes. Les résultats eux-mêmes ont présenté des changements relativement mineurs pour les principaux partis. Le GERB s’est légèrement remis de ses pertes électorales lors des élections de juillet et novembre 2021, mais son résultat de 25,3 % reste inférieur à sa faible performance d’avril 2021. Le parti est arrivé en tête dans tous ses bastions électoraux, à l’exception de deux des circonscriptions de la capitale Sofia, où le PP est resté le principal parti. Cela suggère que, bien que le parti conserve un niveau de soutien stable, sa tentative de prise de distance avec le bilan d’une décennie au gouvernement reste largement infructueuse.
L’expérience gouvernementale a également eu des conséquences pour le PP, qui a perdu environ 5,6 points de pourcentage par rapport à son excellent résultat de novembre 202 (20,2 %). Selon les données des sondages de sortie des urnes de Gallup International, le parti a perdu près de la moitié de ses électeurs de novembre 2021, principalement au profit de Vazrazhdane, de BV et de la DB, alors qu’il a réussi à attirer quelques anciens électeurs d’ITN et de la DB, ainsi que d’anciens abstentionnistes (Gallup International, 2022). La troisième place est revenue au DPS qui a augmenté son résultat de façon marginale, s’imposant dans ses bastions traditionnels, habités principalement par les communautés turques et/ou roms, ainsi que dans une partie de la diaspora. Vazrazhdane a de nouveau doublé sa performance, mais son résultat de 10,2% est légèrement inférieur aux attentes des sondeurs. Cela suggère que le parti a encore du mal à établir un soutien ferme, bien qu’il ait attiré une partie notable des anciens électeurs du PP et du MII (Gallup International, 2022), principalement à Sofia et dans les grands centres régionaux où il a surpassé le BSP.
Le BSP a poursuivi sa chute libre, obtenant, avec 9,3 %, son pire résultat électoral depuis 1927. Le parti a réussi à obtenir un certain soutien de la part d’anciens électeurs du PP, mais, dans l’ensemble, il s’est appuyé sur le noyau dur de son électorat, composé principalement d’électeurs âgés (Gallup International, 2022). Le parti, qui n’a jamais renié ses positions politiques conservatrices et pro-russes, peine toujours à développer un profil attractif. Sa stratégie récente n’a nullement contribué à améliorer ses résultats électoraux : au contraire, en proie à des divisions internes, le BSP a perdu une part importante du vote des personnes âgées, qu’il domine traditionnellement, tandis que ses positions pro-russes confuses n’ont pas fait le poids face au discours plus franc de Vazrazdhane, qui mêlait affirmations anti-guerre et pro-russes. Le score de la DB, comme celui du BSP et du DPS, n’a pas substantiellement évolué depuis novembre 2021, le parti attirant cette fois 7,5% des votants. La tentative ratée d’alliance électorale avec le PP, ainsi que les tensions internes entre et au sein des partis de l’alliance DB concernant leur coopération avec le BSP au gouvernement ont contribué à la démobilisation de ses électeurs et poussé une partie de ceux-ci à voter pour le PP. Géographiquement, la DB est restée forte dans les grandes villes, notamment à Sofia, où elle est arrivée en troisième position derrière le PP et le GERB (Gallup International, 2022).
Les élections ont vu la sortie d’ITN du parlement et l’entrée de BV. ITN a perdu un soutien important au profit du PP et de Vazrazhdane (Gallup International, 2022), ce qui lui a laissé environ 3,8 % (légèrement en-dessous du seuil de 4 %). Le parti était déjà pris dans une dynamique négative lors des élections de novembre 2021, où il avait perdu l’attrait protestataire dont il avait bénéficié jusque-là. Cette évolution n’est pas une surprise, car ITN et son leader Slavi Trifonov ont commis plusieurs erreurs majeures au cours de l’année écoulée, notamment s’agissant de leur réticence à former un gouvernement de coalition après le vote de juillet 2021. La scission du parti après sa sortie de la coalition a limité encore davantage ses capacités de mobilisation. À sa place est arrivé BV, qui a réussi à attirer la majeure partie de l’électorat de Rumen Radev (Gallup International, 2022), lequel votait auparavant pour le PP, le BSP et l’alliance populiste de centre-gauche Debout ! Nous arrivons ! (ISNI, sans affiliation européenne). BV a fait campagne principalement sur une plateforme de critique modérée du bilan du gouvernement, tandis que sa principale image provenait de sa critique des deux camps dans la guerre en Ukraine. Les rapports sur le réseau de clientélisme lié au parti, notamment parmi les travailleurs des entreprises appartenant à l’un des partenaires électoraux de BV (Fileva, 2022), révèlent d’autres raisons de sa forte performance électorale.
Dans l’ensemble, les élections de 2022 n’ont pas donné lieu à des changements majeurs dans le comportement électoral. À Sofia, la majeure partie des voix s’est portée sur les partis libéraux et de droite, notamment le PP, le GERB et la DB (Gallup International, 2022). Dans les grandes villes régionales, la tendance était à la concurrence bicéphale entre le GERB et le PP, avec un soutien important pour Vazrazhdane et le BSP (Gallup International, 2022). Les petites villes étaient dominées par le GERB, tandis que le PP, le DPS et le BSP restaient nettement en retrait. Enfin, les zones rurales étaient le domaine du DPS et, dans une moindre mesure, du GERB (Gallup International, 2022). En termes d’âge, le PP, le DPS et le GERB étaient les principaux partis des jeunes électeurs, alors que le GERB et le BSP ont mobilisé la majeure partie du vote des plus âgés (Gallup International, 2022). De même, les personnes ayant un niveau d’éducation élevé ont voté majoritairement pour le GERB et le PP, tandis que celles ayant au plus un diplôme primaire ont voté principalement pour le DPS (Gallup International, 2022).
La période post-électorale
L’impasse politique s’est maintenue au lendemain des élections. La série de consultations organisées par le président bulgare Rumen Radev avec les partis représentés au Parlement n’a pas donné de résultats significatifs ; il en a été de même pour la tentative du GERB de négocier avec tous les partis à l’exception de Vazrazhdane. Les travaux parlementaires se sont de plus en plus enlisés : pour la première fois dans l’histoire la plus récente, le président du Parlement n’a pas été élu lors de la première session parlementaire, mais après une série de négociations. Finalement, l’impasse a été levée après que le BSP s’est joint au GERB, au DPS et à BV pour soutenir Vezhdi Rashidov du GERB afin d’éviter de “bloquer l’État” (bTV Novinite, 2022).
Actuellement, l’exécutif intérimaire mis en place par Radev au début du mois d’août continue de gouverner. Radev a considérablement retardé la remise du mandat de formation gouvernemental au GERB et au PP tel que prévu par la constitution, arguant de sa réticence à organiser des élections anticipées en hiver si toutes les tentatives de formation du gouvernement venaient à échouer. Le GERB a reçu ce mandat un peu plus de deux mois après les élections et a proposé un gouvernement d’apparence technocratique, comprenant un large éventail de personnalités issues des précédents gouvernements de centre-droit et de centre-gauche. La proposition a été rejetée par le parlement, étant soutenue uniquement par le GERB, le DPS et BV. Au moment de la rédaction de cet article, le mandat gouvernemental doit être remis au PP. Le PP a proposé l’ancien ministre de l’éducation Nikolay Denkov comme candidat au poste de premier ministre et mène actuellement des pourparlers pour obtenir un soutien en sa faveur. Si le PP a mené des discussions exploratoires avec le GERB, à ce stade sans grand succès, il y a cependant peu de chances que sa proposition aboutisse. La dernière chance de former un gouvernement reposerait sur le mandat d’un parti tiers. BV a déjà exprimé son intérêt pour ce rôle et les rapports médiatiques actuels suggèrent que le GERB et BV cherchent un troisième partenaire de coalition. Le travail parlementaire est actuellement dominé par les partis établis (GERB, BSP et DPS). Par exemple, les débats en cours sur la réforme du code électoral ont vu ces trois partis plaider pour le rétablissement des bulletins de vote en papier et la suppression des machines à voter (Kostadinova, 2022). Un tel changement pourrait avoir un impact significatif sur les élections suivantes, car le vote électronique est considéré comme un moyen fiable et efficace de lutter contre la corruption dans le cadre des processus électoraux. Une telle réforme pourrait permettre au GERB de consolider sa présence au niveau local lors des élections prévues à l’automne 2023, rendant encore plus invraisemblable une sortie rapide de l’impasse politique.
Références
bTV Novinite. (2022, 25 octobre). Ninova : Podkrepihme Rashidov, za da izvadim Bulgaria ot eventualna tezhka kriza [Ninova : Nous avons soutenu Rashidov pour sortir la Bulgarie d’une éventuelle crise grave]. Btvnovinite.Bg.
Fileva, L. (2022, 9 octobre). Sluchaynost ili ne : kak Stefan Yanev povtori uspeha na partiyata na Kovachki v Samokov i Bobov Dol [Coïncidence ou pas : comment Stefan Yanev a répété le succès du parti de Kovachki à Samokov et Bobov Dol]. Dnevnik.Bg.
Gallup International. (2022). Profili na vota, otnoshenie kam mashinite, vreme na vzemane na reshenieto [Profils des électeurs, attitudes envers le vote mécanique, moment de la décision de vote]. Gallup International.
Kostadinova, S. (2022, 4 novembre). Na parvo chetene : GERB, DPS i BSP varnaha hartienata byuletina [En première lecture : GERB, DPS et BSP ont rétabli le bulletin de vote papier]. Mediapool.Bg.
Mitov, B. (2022, 18 mars). “Sledvashtiyat pat mogat da me ubiyat”. Borisov izleze ot aresta bez obvinenie. [“La prochaine fois, ils pourraient m’assassiner”. Borisov sort de prison sans être inculpé].
news.bg. (2022). PP : S GERB i DPS imame problemi s borbata s mafiyata [PP : Avec GERB et DPS nous avons un problème pour la lutte contre la mafia]. News.Bg.
segabg.com. (2022). Asen Vasilev po povod ofertata na DB : PP ne e dyasna [Asen Vasilev sur l’offre de DB : PP n’est pas de droite]. Segabg.Com.
Trud. (2022). Liderat na GERB Boyko Borisov : Shte rabotim po 7 tochki, tryabva ni stabilnost [Borisov : Nous allons travailler sur 7 priorités, nous avons besoin de stabilité]. Trud.Bg.
citer l'article
Petar Bankov, Élections législatives en Bulgarie, 2 octobre 2022, Groupe d'études géopolitiques, Mar 2023, 126-130.