Bulletin des Élections de l’Union Européenne
La synthèse continentale
Issue #1
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Issue #1

Auteurs

François Hublet , Jean-Toussaint Battestini , Lucie Coatleven , Charlotte Kleine , Sofia Marini , Théophile Rospars

21x29,7cm - 107 pages Issue #1, Septembre 2021 24,00€

Élections en Europe : décembre 2020 – mai 2021

Introduction

L’interconnexion croissante de la politique européenne exige une bonne connaissance des dynamiques politiques non seulement dans les États membres et dans leurs régions, mais aussi au-delà de ces derniers, dans le voisinage de l’UE. Dans le flux constant des informations et des nouvelles, il devient étonnamment facile de perdre de vue la situation dans son ensemble. Ce premier numéro de la BLUE vise donc à fournir au lecteur un large panorama des dernières évolutions politiques, en rendant compte à la fois des tendances macroscopiques et des dynamiques à plus petite échelle, y compris au niveau local.

Sans sacrifier l’attention portée aux détails, les contributions recueillies dans le présent numéro mettront donc en lumière les enjeux européens des rendez-vous électoraux du semestre passé. Pour faciliter la comparaison, cette première partie fournit des éléments transnationaux synthétiques reprenant ou prolongeant les analyses contenues dans ce volume : des chiffres de la participation en passant par des thématiques communes (indépendance, lutte contre la corruption) et l’impact de la pandémie de Covid-19, les principaux aspects de la politique européenne de ces six derniers mois seront évoqués.

En ce qui concerne les élections parlementaires nationales, nous commencerons par les élections parlementaires roumaines de décembre 2020, analysées par Ramona Bloj. Ces élections, quoique menant à la formation d’un gouvernement de centre-droit, ont également confirmé la position des sociaux-démocrates comme premier parti du pays, et ont vu l’émergence d’une nouvelle formation de droite radicale. Nous passerons ensuite aux élections à la Chambre basse néerlandaise de mars 2021, couvertes par la contribution de Simon Otjes, qui ont mené à la reconduction du centre-droit précédemment au pouvoir. Le mois d’avril a été marqué par les élections législatives en Bulgarie, commentées ici par Dobrin Kanev, et en Albanie, dont rendra compte Ilir Kalemaj. Ces deux élections ont vu un affabilissement significatif de la position des partis gouvernementaux sortants face aux oppositions. En Bulgarie, une variété de nouveaux acteurs sont apparus suite aux manifestations anti-corruption de l’été dernier. Nous conclurons par les élections parlementaires qui se sont tenues en mai dans la République de Chypre, où tous les principaux partis ont perdu du terrain au profit de la droite radicale ; ce dernier scrutin est illustré par Vasiliki Triga et Gilles Bertrand.

Parmi les élections nationales, nous évoquerons également les élections présidentielles portugaises de janvier, qui seront discutées par Eduardo Paz Ferreira. Malgré la très large victoire du président sortant conservateur, la droite radicale a gagné du terrain sur la candidate socialiste arrivée en deuxième position.

D’autres scrutins importants se sont joués au niveau régional, en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni. Martin Lepič et Robert Lineira discuteront des résultats inédits des élections en Catalogne en février, marquées par la disparition du parti libéral et la percée parlementaire de la droite radicale. Marius Minas et Oliver Drewes commenteront ensuite les élections de mars en Rhénanie-Palatinat et en Bade-Wurtemberg, qui ont vu les ministres-présidents social-démocrate et vert largement reconduits. Enfin, Fraser McMillan analysera les résultats du scrutin écossais qui s’est tenu début mai ; la domination des forces indépendantistes y a relancé le débat sur un nouveau référendum. Enfin, une autre élection particulièrement intéressante a été disputée dans la Communauté de Madrid, donnant une large majorité à la présidente de droite sortante et conduisant à la disparition des libéraux ; elle sera analysée par Francisco Cabezuelo.

Enfin, la dernière section du présent numéro se projettera dans l’avenir pour anticiper brièvement les importantes échéances allemandes de fin septembre 2021. Le lecteur y trouvera les réponses des directeurs des fondations des trois plus grands partis allemands, Martin Schulz (SPD), Norbert Lammert (CDU) et Ellen Ueberschär (Verts), à une série de questions posées par la rédaction de la BLUE.

Évolution des scores des groupes européens

Pour retracer les évolutions macroscopiques et les tendances communes à toute l’Europe, l’analyse des données agrégées est incontournable. Afin d’analyser les dynamiques des différentes familles politiques au-delà de leurs contextes nationaux respectif, on s’appuiera ici sur les affiliations aux groupes du Parlement européen.

Les chiffres définitifs montrent dans l’ensemble un déclin des forces de gauche et centristes, tandis que les acteurs de droite ont augmenté leur part de voix. Toutefois, les Verts et la droite radicale contredisent ces tendances générales, les premiers enregistrant des succès et les seconds semblant perdre du terrain.

Le groupe de la gauche radicale GUE/NGL (Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique) a connu un déclin général (-6,23 pp en moyenne), principalement dû aux mauvaises performances au Portugal, à Chypre et aux Pays-Bas, avec une perte de 5,8, 3,3 et 2,45 points respectivement. Le courant dominant de la gauche, incarné par le groupe S&D (Socialistes et Démocrates), a été l’une des formations les plus sévèrement battues : il a perdu 12,13 points en moyenne, avec des pertes particulièrement importantes en Roumanie (-15,6 pp), en Bulgarie (-14,47 pp) et à Madrid (-10,51 pp), qui n’ont été que partiellement compensées par les résultats au Portugal (+7,98 pp), en Catalogne (+9,3 pp) et à Chypre (+13,41 pp).

Les partis affiliés au groupe des Verts au Parlement européen sont globalement en hausse (+8,3 pp), avec des chiffres particulièrement encourageants pour la Rhénanie-Palatinat (+5,03 pp), et des augmentations conséquentes dans le Bade-Wurtemberg (+2,55 pp) et à Madrid (+2,33 pp). En Bulgarie, les Verts ont également gagné 4 sièges au Parlement, bien que ce résultat soit difficile à quantifier en termes de part de voix, puisqu’ils se sont présentés aux élections en coalition avec un parti de droite et d’autres nouvelles formations (obtenant 9,45% des voix au total).
La formation centriste et libérale Renew (RE) a enregistré des gains modérés dans la plupart des élections (entre +2,41 pp en Rhénanie-Palatinat et +5,07 pp en Bade-Wurtemberg), mais les mauvaises performances en Catalogne (-19,84 pp) et à Madrid (-16,08 pp) conduisant à un solde négatif de -13,8 pp. C’est donc le groupe qui connaît la plus forte variation de part de voix lors de ces derniers scrutins.

Le camp de centre-droit, incarné par le PPE (Parti populaire européen), a augmenté sa part de voix de 8,45 pp en moyenne. Toutefois, ce chiffre général cache des pertes assez importantes. Par exemple, le centre-droit a enregistré un recul de 5 pp aux Pays-Bas et 4,14 pp en Rhénanie-Palatinat, mais aussi 11,68 pp en Bulgarie, contre seulement quelques victoires importantes (+22,63 pp à Madrid et +8,7 pp au Portugal).

Le groupe conservateur CRE (Conservateurs et réformistes européens) est celui qui semble avoir le plus profité des élections de ces derniers mois, avec une tendance à la hausse dans presque toutes les élections (entre +0,25 pp à Madrid et +11,9 pp au Portugal). Les seules exceptions à cette tendance sont la Bulgarie (-4,32 pp), le Bade-Wurtemberg (-1,02 pp) et Chypre (-25,97 pp).

Enfin, le groupe de droite radicale Identité et Démocratie (ID) a connu de légers reculs (allant de -2,25 pp aux Pays-Bas à -5,36 pp dans le Bade-Wurtemberg) partout où il a participé à des élections, à l’exception de la Bulgarie, où il a augmenté de 2,37 pp. En moyenne, il a subi une perte de 12,85 pp, parmi les plus sévères.

Certains partis nationaux n’ont toujours pas d’affiliation européenne. En moyenne, avec un gain de 11,22 pp, leur part de voix a davantage augmenté que celle de chacun des groupes européens. Il s’agit pour la plupart de nouveaux acteurs, souvent apparus après des contestations, comme c’est le cas pour la Bulgarie (+18,52 pp) et Chypre (+11,9 pp) notamment.

Partis entrés et sortis des parlements régionaux et nationaux

Les élections régionales et nationales du premier semestre 2021 ont été marquées par la disparition de certains partis et l’émergence de nouvelles formations. En Espagne, les élections régionales anticipées en Catalogne et dans la région de Madrid ont été dévastatrices pour Ciudadanos (RE). La formation centriste, qui avait pourtant remporté les élections régionales anticipées de Catalogne en décembre 2017 avec 25% des voix et 36 sièges, s’est effondrée à 5,58% et n’a obtenu que 6 sièges aux élections du 14 février 2021. Pire, Ciudadanos disparaît de l’assemblée de Madrid en ne récoltant que 3,6% des voix aux élections anticipées de mai 2021 contre 19,5% aux élections de 2019. En revanche, VOX (ECR) s’ancre dans le paysage politique espagnol et remporte 7,67% des voix aux élections régionales anticipées de Catalogne entre au Parlement catalan avec 11 sièges.

Au Kosovo, où on a voté le même jour qu’en Catalogne, les élections législatives ont abouti à la disparition de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK, PPE) et du Vakat (intérêts de la minorité bosniaque) au profit d’un parti de centre-gauche en faveur de l’Union avec l’Albanie, Vetëvendosje. On note également l’entrée au parlement du SDU (intérêt minorité bosniaque), et de deux partis défendant les intérêts de la minorité rom.

Au Liechtenstein, la formation eurosceptique Démocrates pour le Liechtenstein (DFL) se substitue à l’autre formation eurosceptique Les indépendants (DU) dont elle avait fait scission. Les Démocrates obtiennent 2 sièges et entrent au parlement alors que Les indépendants perdent leurs 5 sièges.

Les élections législatives anticipées néerlandaises de mars 2021 se sont traduites par l’entrée de 3 nouveaux partis à la Chambre des représentants. Avec 2,4%, les parti fédéraliste paneuropéen Volt (Greens/EFA) et le JA21 (ECR), issu d’une scission avec le parti d’extrême droite Forum voor Democratie (ECR), entrent au parlement avec 3 députés chacun. Le BBB, parti agrarien, entre au parlement en obtenant 1 siège en ayant récolté 1% des voix.

Les élections du Landtag de Rhénanie-Palatinat en mars 2021 ont vu les Électeurs libres (FW, RE) entrer au Landtag avec 5,35% des voix et 6 sièges.

Au Pays de Galles, les élections du 6 mai ont été marquées par la disparition des formations d’extrême droite et anti-dévolution, l’UKIP (ID) et l’Abolish the Welsh Assembly Party (AWAP, NI) qui quittent le Senedd avec un score d’environ 1%.

Enfin, les élections législatives chypriotes du 30 mai ont permis au parti du Front Démocratie (DIPA, RE), issu d’une scission du Parti Démocratique (DIKO, S&D) d’entrer à la Chambre des représentants en obtenant 4 sièges.
Aucune entrée ou sortie de parti politique n’est à noter au Parlement régional d’Écosse ni au Landtag de Bade-Wurtemberg.

Participation et vote par correspondance

La tenue d’élections, propices aux rassemblements et la sociabilité, constitue dans le contexte de la pandémie de Covid-19 un défi de taille pour les autorités. Ainsi, certaines élections ont été reportées, telle que l’élection du conseil régional de Calabre reportée à l’automne 2021. Cependant, malgré la diffusion du virus et grâce à la mise en place d’aménagements spécifiques, la plupart de ces élections ont tout de même eu lieu. Dans la plupart des cas, le vote par correspondance a été encouragé et normalisé. Malgré ces aménagements, une baisse de la participation électorale était attendue au regard du contexte sanitaire. Or, cette crainte ne s’est pas matérialisée partout — certains pays tels que le Kosovo ont même enregistré des taux de participation record, et des élections dont les enjeux étaient perçus comme importants ont pu largement mobiliser l’électorat.

C’est en Catalogne que la baisse de la participation est la plus marquée, atteignant 27,8 pp. Bien que cette diminution puisse être attribuée en partie à la situation sanitaire, elle s’explique également par la moindre actualité des questions constitutionnelles qui constituaient l’un des principaux enjeux du scrutin. À l’inverse, trois mois plus tard, une élection madrilène particulièrement médiatisée et polarisée a connu un taux de participation en hausse de 7,47 pp. Des baisses relativement importantes, bien que moins spectaculaires, ont également été observées au Portugal et en Roumanie, où le taux de participation a diminué de 9,5 et 7,55 pp respectivement. On notera que l’élection présidentielle portugaise s’est déroulée alors que le taux d’infection au Portugal était l’un des plus élevés au monde et qu’un confinement était appliqué sur l’ensemble du territoire. Le vote par correspondance n’y était pas admis et la réélection du président sortant, dont les prérogatives exécutives sont limitées, apparaissait certaine. Finalement, bien que l’abstention, aussi bien au Portugal qu’en Roumanie, ait atteint les taux les plus élevés depuis le retour de la démocratie dans ces deux pays, cette baisse n’a pas pris les proportions qu’on aurait pu craindre.

a • Participation lors des élections de décembre 2020 à mai 2021, ainsi que lors des scrutins précédents

Des baisses de participation plus modestes, de l’ordre de 3 points de pourcentage, ont été observées aux Pays-Bas (où près de 10% des électeurs ont voté par correspondance) et en Bulgarie. En Allemagne, lors de l’élection des parlements régionaux en Rhénanie-Palatinat et Bade-Wurtemberg, le vote par correspondance a remporté un franc succès, représentant respectivement 65,9% et 51,31% des votes. Toutefois, la participation globale a diminué de 6 points dans les deux Länder, s’élevant à 64%. Enfin, à Chypre et en Albanie, « l’effet Covid » ne semble guère avoir affecté le taux de participation, qui n’a baissé que de 1,02 et 0,51 pp respectivement.

A l’inverse, au Kosovo, le taux de participation a augmenté de 4,2 pp par rapport aux dernières élections. De même, l’Écosse enregistre une augmentation significative de la participation (+7,69 pp) avec un taux de participation record de 63,49%, le plus élevé depuis la création du Parlement dévolu en 1998. Ce taux s’explique notamment par l’actualité très forte du débat sur l’indépendance — notamment la perspective d’un nouveau référendum — et par la possibilité de voter par correspondance. De plus, alors que certains pays à l’instar du Portugal ont maintenu les élections alors que la situation sanitaire était particulièrement difficile, le taux d’infection était relativement faible au Royaume-Uni le 5 mai, jour du scrutin. Enfin, le taux de participation le plus élevé a été enregistré lors des élections législatives au Liechtenstein, où 77,82% des citoyens ont voté, dont 97% par correspondance — une modalité de vote déjà largement plébiscitée avant la pandémie.

Interactions entre les scrutins

Dans trois pays — le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne — plusieurs scrutins régionaux ont eu lieu le même jour.
Au Royaume-Uni, le renouvellement des parlements dévolus au Pays de Galles et en Écosse ainsi que les scrutins locaux en Angleterre ont vu la reconduction des différents partis au pouvoir. Ainsi, si le Scottish National Party (SNP) conserve les mêmes résultats qu’en 2016, les travaillistes gallois (Welsh Labour) confirment leur domination en décrochant presque la majorité absolue (29 sièges sur 60 au total). Quant aux résultats des scrutins locaux en Angleterre, ils confirment la popularité des Conservateurs et de leur leader Boris Johnson : avec 235 conseillers supplémentaires (23% de plus qu’aux dernières élections), des bastions historiques des travaillistes (Hartlepool) passent aux mains des Tories. Malgré la médiatisation dans tout le Royaume-Uni de la question de l’indépendance écossaise, il semble que les interactions entre ces différentes élections aient été en définitive assez modestes. Leurs résultats ont par ailleurs été largement influencés par les perceptions de l’efficacité de la gestion de la crise de la Covid-19 par les gouvernements régionaux en place. On note toutefois qu’entre 20 et 30% des Gallois seraient favorables à une indépendance du pays de Galles, un chiffre en hausse: l’effet du succès du SNP écossais sur la popularité des idées pro-indépendantistes aux Pays de Galles reste une question ouverte.

Deux élections régionales en Rhénanie-Palatinat et en Bade-Wurtemberg ont marqué le coup d’envoi de la « super année électorale » (Superwahljahr) allemande. Les résultats de ces deux Länder ont donc souvent été scrutés comme des « signaux faibles » anticipant l’issue des élections fédérales du 26 septembre prochain. Toutefois, leur généralisabilité est limitée, les Länder étant caractérisés par des cultures politiques spécifiques et des structures socio-économiques bien différentes. De fait, alors que les socio-démocrates (SPD) ont obtenu un très bon score en Rhénanie-Palatinat (35,7%), région qu’ils dirigent, ils sont en net recul à l’échelle nationale où ils ne remportent, selon les derniers sondages, que la troisième place derrière les conservateurs et les Verts. Les très populaires Verts du Bade-Wurtemberg, parti du ministre-président Winfried Kretschmann, ont fait campagne sur une ligne plus conservatrice et plus traditionnelle que les Verts fédéraux et leur tête de liste Annalena Baerbock. Les effets régionaux des dynamiques politiques fédérales sont difficiles à quantifier : l’affaire dite « des masques » (une affaire de corruption impliquant des parlementaires chrétiens-démocrates) a certes touché l’ensemble de l’opinion publique allemande, mais, du fait de la généralisation du vote par correspondance, de nombreux citoyens avaient déjà voté lorsque le scandale a éclaté.
Enfin, bien que la question constitutionnelle ait structuré de nombreuses élections catalanes ces dernières années, il semble que la crise sanitaire l’ait en partie éclipsée. De manière moins attendue, le rapport entre les différentes échelles de gouvernement a été au centre de la campagne électorale madrilène, qui s’inscrivait dans un conflit frontal entre le Parti populaire régional et les socialistes du gouvernement de Pedro Sánchez sur fond d’opposition aux mesures de lutte contre la pandémie et d’appels à la « liberté » régionale. Les élections catalane et madrilène s’inscrivent cependant dans une dynamique espagnole plus large. L’effondrement des libéraux unionistes de Ciudadanos (RE) et la polarisation croissante de l’espace politique (selon les axes droite-gauche et indépendantiste-unionisme) en constituent les principales tendances. Des effets de réseau significatifs s’y déploient : l’élection madrilène a été provoquée par les retournements d’alliances provoqués par Ciudadanos au parlement de Murcie ; Pablo Iglesias, figure historique de Podemos, a démissionné du gouvernement espagnol pour mener la campagne de son parti à Madrid, se retirant de la politique après sa défaite.

Écarts entre villes et campagnes

La BLUE a construit un indicateur permettant de mesurer la polarisation du vote entre les zones urbaines et rurales lors des scrutins présentés dans ce numéro. Étant donné le score agrégé u1, …, up des partis dans l’électorat urbain et les scores agrégés r1, …, rp de ces mêmes partis dans l’électorat rural (en pourcent), on considère
1/2 ( |r1 – u1| + … + |rp – up| )
On obtient un pourcentage qui varie entre 0% et 100%, où 0% signifie que les parts des différents partis dans les électorats urbain et rural sont identiques, et 100% signifie que l’électorat urbain vote pour des partis entièrement différents de l’électorat rural.

La première observation que l’on peut faire est que le clivage villes-campagnes a été le plus prononcé en Bulgarie et en Roumanie, où respectivement 21,2% et 17,6% des électeurs des zones urbaines ont voté différemment des électeurs de zones rurales. Cette différence est en hausse de 5,7 points de pourcentage en Bulgarie, contre une baisse marginale de 1 point de pourcentage en Roumanie.

Au Portugal, l’élection présidentielle de janvier a vu le très populaire candidat du Parti social-démocrate (PSD, EPP) l’emporter avec 60,7% des voix. Il n’est pas étonnant de constater que du fait de sa large victoire notre indicateur soit de seulement 6,6%. En d’autres termes,seuls 6,6% des électeurs urbains ont voté différemment des électeurs ruraux, en baisse de 0,7% par rapport à l’élection présidentielle de 2016. La forte popularité du candi dat aussi bien dans les zones rurales qu’urbaines diminue fortement la valeur de l’indicateur. Un raisonnement similaire peut s’appliquer pour les élections régionales anticipées à l’Assemblée de Madrid, où la candidate du Parti populaire (PP, EPP) est arrivé largement en tête dans une très grande majorité de communes.

b • Indicateur du clivage villes-campagnes lors des scrutins de décembre 2020 et mai 2021, ainsi que lors des scrutins précédents

En Catalogne, le clivage entre les électeurs urbains et les ruraux a légèrement progressé entre les élections régionales de 2017 et celles de 2021, passant de 13,8% à 14,9%. Ce résultat peut en partie s’expliquer par le fait que les régions rurales (à l’exception du Val d’Aran) ont plus tendance à voter pour des partis indépendantistes que Barcelone qui a tendance à voter des partis opposés à l’indépendance comme le PSOE ou bien Ciudadanos.
Les élections régionales au Bade-Wurtemberg et en Rhénanie-Palatinat ont mis en lumière une intensification du clivage urbain/rural. La différence entre le vote des urbains et des ruraux a respectivement augmenté de 2,8% et 3,8%. Ainsi, 13,8% des électeurs urbains ont voté différemment des électeurs ruraux en Bade-Wurtemberg et 10,6% en Rhénanie-Palatinat.

En somme, dans la plupart des territoires qui ont organisé des élections entre décembre 2020 et mai 2021, le clivage entre les urbains et les ruraux s’est modérément creusé. Seuls la Roumanie et le Portugal enregistrent une diminution de ce clivage.

Déterminants socio-économiques du vote

Le tableau c ci-dessous présente le résultat de l’estimation d’un modèle aux moindres carrés évaluant l’effet de huit facteurs socio-économiques sur les parts électorales des différents groupes politiques européens, agrégées au niveau NUTS 3.

GroupeEffet positifEffet négatif
GUE/NGLNatalité* âge médian*0,85
Verts/ALEDiplôme univ.* PIB/hab PPP*Dens. pop.*** migr. nette*** âge médian*0,76
S&DDens. pop.* Natalité* PIB/hab PPP* diplôme univ.*0,58
REMigr. nette* natalité* âge médian* dens. pop.**Diplôme univ.*0,79
PPEDiplôme univ.** croissance PIB**Dens. pop.**0,75
CREDiplôme univ.**0,81
IDÂge médian***0,82
*** effet significatif, p < 0,01 ** p < 0,05 * p < 0,1
Contrôles : États-membres, source : Eurostat, dernière année disponible
Les partis assimilés à un groupe ont été comptés avec ce groupe.
221 régions NUTS 3 : 28 BG, 1 CY, 80 DE, 5 ES, 40 NL, 25 PT, 42 RO.

c • Résultats du modèle statistique au niveau NUTS 3

Toutes choses égales par ailleurs, la densité de population a un effet positif sur la part électorale des groupes social-démocrate et libéral, et négatif sur celui des Verts/ALE (dont on notera que la composante régionaliste a joué un rôle important ce semestre) et du Parti populaire européen. À l’inverse, la proportion de la population disposant d’un diplôme universitaire affecte favorablement la part électorale des Verts/ALE et du Parti populaire européen, et négativement celle des sociaux-démocrates et des CRE. La situation démographique a un effet significatif pour cinq groupes sur sept : une population plus âgée tend à accroître la part des libéraux et de l’extrême droite (ID) et à réduire celle de la gauche radicale et des Verts/ALE. Les libéraux profitent également d’un taux de migration net positif et d’une natalité plus forte, alors que les groupes de gauche et de centre-gauche obtiennent de meilleurs résultats dans les zones au taux de migration négatif (Verts/ALE) et à la natalité faible (GUE/NGL et S&D). De manière peut-être plus inattendue, l’effet des facteurs économiques apparaît moindre : le taux de chômage n’est significatif pour aucun groupe au niveau de 90%, le niveau du PIB par habitant favorise les Verts/ALE et défavorise les S&D, mais est sans effet sur les scores des autres partis, et la croissance du PIB n’a un effet significatif (et positif, au niveau de 95%) que sur les scores du Parti populaire européen.

Autonomie — indépendance

La question de l’autonomie et de l’indépendance régionales a été un enjeu important de certaines des élections du premier semestre 2021. En Catalogne, les élections régionales se sont tenues en février à la suite de la destitution par le Tribunal Suprême pour « désobéissance » du président de la Generalitat Quim Torra. Cette décision, acceptée par le parti de gauche indépendantiste Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) est à l’origine d’une scission entre les indépendantistes d’ERC et de Junts per Catalunya (JxCat) et a précipité les élections régionales. Comme à chaque élection depuis 2015, date à laquelle la coalition Junts per sì en faveur de l’indépendance à court terme de la région vis-à-vis de l’Espagne a gagné les élections, la question de l’indépendance de la Catalogne domine les débats. Malgré la faible participation des Catalans au scrutin (51,29% contre 79,09% en 2017) les partis indépendantistes ont encore obtenu la majorité absolue en sièges avec 74 sièges sur 135. Pour la première fois depuis l’établissement de la Generalitat en 1979, la somme des suffrages des partis en faveur de l’indépendance atteint la majorité absolue, à 50,73% des suffrages exprimés, ce qui constitue une victoire symbolique pour les partis indépendantistes catalans vis-à-vis de l’État central. Les appels répétés des indépendantistes à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au soir de la victoire malgré le refus catégorique du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez risque de faire perdurer la situation de blocage entre la région et l’Etat central.

Des enjeux similaires ont marqué le scrutin écossais. Le Scottish National Party (SNP), principale force indépendantiste, a insisté, avant même le début de la campagne électorale, sur le fait que ces élections aboutiraient à l’organisation d’un second referendum d’indépendance si le SNP obtenait la majorité le soir de l’élection. Le Parti vert écossais a aussi milité au cours de cette campagne en faveur de l’indépendance comme c’était le cas lors du premier referendum d’indépendance de l’Écosse de 2015. Le SNP obtient à l’issue des élections 64 sièges sur 129, à un siège de la majorité absolue. La somme des sièges des partis indépendantistes SNP et Parti vert écossais est de 72, garantissant ainsi une majorité absolue à la cause indépendantiste au parlement écossais. Là aussi, le Premier ministre britannique Boris Johnson a écarté dès le soir des élections l’organisation d’un nouveau referendum d’autodétermination pour l’Écosse.
Au Pays de Galles, le momentum indépendantiste que le parti Plaid Cymru espérait n’est pas advenu. Le parti a réalisé le même score aux élections de mai qu’aux élections de 2016, soit 20%, mais a progressé en obtenant un siège supplémentaire, passant de 12 à 13 sièges sur les 60 que composent le Parlement gallois.

En Roumanie, l’Union démocrate magyare de Roumanie, parti historique en faveur de la défense des intérêts de la minorité hongroise de Roumanie et de l’autonomie du pays sicule a réalisé le score de 5,74%, en baisse de 0,5 point de pourcentage, mais conserve le même nombre de députés et sénateurs qu’à la précédente législature, soit 21 députés et 9 sénateurs. Suivant une évolution similaire, le Mouvement des droits et des libertés, défenseur des intérêts de la minorité turque de Bulgarie qui représente près de 10% de la population du pays, a obtenu 10,73%, en progression d’un point par rapport à 2017 et obtient 30 sièges sur 240.

Mouvements anti-corruption

Les trois scrutins ayant eu lieu en Europe de l’Est (élections législatives en Albanie, Roumanie et Bulgarie) ont tous été marqués par la thématique de la lutte anti-corruption.

Les années passées ont été marquées par des mobilisations contre la corruption du pouvoir en place. Ainsi le mouvement de société civile Rezist a débouché sur la démission du gouvernement social-démocrate roumain (Parti social-démocrate, PSE) en novembre 2019, ouvrant la voie à un gouvernement minoritaire de centre-droit (Parti national libéral, PPE) après deux ans de manifestations massives. En Albanie, les manifestations ont eu lieu à l’initiative du Parti démocrate (PPE), à partir de février 2019, dans un contexte de boycott des élections locales et parlementaires par les partis d’opposition. Ce boycott faisait suite de la publication d’enregistrements audios par le journal BILD prouvant la participation du premier ministre Edi Rama et de son parti (Parti socialiste, associé au PSE) dans des campagnes d’achats de votes et d’intimidation d’opposants. Enfin, en Bulgarie les manifestations ont eu lieu suite à une enquête de Radio Europe Libre (RFE/RL) mettant en cause des membres du gouvernement de centre-droit de Boyko Borisov (GERB, PPE, en coalition avec les Patriotes Unis, CRE) ainsi que des magistrats. Cette mobilisation a débouché sur une crise politique majeure, soutenue par le Président Rumen Radev (Ind.), qui s’est poursuivie jusqu’au jour du scrutin.

Bien que le contexte fût similaire, les conséquences électorales de cette dynamique ont été différentes. En Roumanie, le vote anti-corruption a majoritairement profité à l’alliance USR-PLUS (RE), issue de la société civile et des manifestations antigouvernementales de 2015, qui a vu son score progresser de 8,9% à 15,6%, entrant au gouvernement aux côtés des libéraux-conservateurs PNL (PPE) et du parti de la minorité hongroise (UDMR, PPE). En Albanie, le mouvement anti-corruption n’est pas parvenu à remettre en cause l’hégémonie institutionnelle et politique du Parti socialiste qui a conservé sa majorité (49% des voix, 53% des sièges au Parlement). L’opposition s’est cependant unifiée sous l’égide du Parti démocrate et de son dirigeant, Luzim Basha, qui gagne 10 % de voix pour frôler les 40% des votes exprimés. En Bulgarie, la coalition gouvernementale de droite s’est effondrée au profit de trois forces anti-corruption. Le nouveau parti ITN entre au Parlement en seconde position du scrutin avec 17% des voix, le nouveau mouvement anti-corruption ISMV reçoit 4,6% des voix, tandis que l’alliance de centre-droit Bulgarie démocratique (PPE/Verts) obtient 9%. triplant son score précédent. Le GERB au pouvoir perd 7 points (à 26%), après s’être aliéné une partie de son électorat — le parti avait lui même été créé dans une logique de lutte contre la corruption. Bien qu’ayant soutenu les manifestations, le parti socialiste BSP (S&D), perd 12% de ses voix au profit des deux nouvelles forces anti-corruption, pour se stabiliser à 14,5%. Quoique grands gagnants, les trois nouveaux partis ne sont pas parvenus à organiser une coalition gouvernementale, ouvrant la voie à de nouvelles élections en juillet.

Idéologiquement, l’ensemble des partis anti-corruption en Europe de l’Est se démarque par son europhilie, voire par son euratlantisme, l’intégration dans les organisations occidentales étant perçue comme un levier pour continuer la lutte contre une classe politique nationale traditionnelle jugée corrompue et régulièrement soutenue par la Russie.

Rôle de la diaspora

Pour cinq scrutins — les élections parlementaires bulgares, roumaines, chypriotes et catalanes, ainsi que les élections présidentielles portugaises —, des données concernant le vote de la diaspora ont été publiées.

Représentant respectivement 5% et 4% des citoyens s’étant rendus aux urnes, les importantes diasporas bulgare et roumaine ont davantage plébiscité les partis perçus comme « nouveaux », qu’ils soient centristes anti-corruption ou nationaux-conservateurs, que la moyenne des électeurs hors diaspora. Ainsi, en Roumanie, le Parti social-démocrate (S&D), arrivé en tête au niveau national avec 28,90% des voix, ne remporte que 3,37% des suffrages des électeurs résidant à l’étranger. À l’inverse, l’alliance USR-PLUS (RE, anti-corruption), qui obtient 15,37% des suffrages au niveau national, recueille 32,59% des voix de la diaspora ; le jeune parti nationaliste Alliance pour l’Union des Roumains (AUR, CRE), dont le score total était de 9,08%, est plébiscité par 23,24% des électeurs de la diaspora. Dans quatre États-membres de l’Union (Allemagne, Italie, Grèce, Chypre), l’AUR arrive d’ailleurs en tête. Son succès en Allemagne et en Italie, qui réunissent près de la moitié des votants issus de l’UE et où le parti recueille environ 35% des voix, contraste avec les scores beaucoup plus proches de la moyenne roumaine constatés en France ou en Espagne, où l’USR-PLUS l’emporte sur l’AUR avec 5 à 10 points d’avance. On notera la faible performance de l’AUR, favorable à l’union de la République de Moldavie à la Roumanie et également présente dans ce pays, parmi les Roumains de Moldavie : le parti n’y recueille en effet que 8,81% des suffrages.

Selon un schéma similaire, les Citoyens pour le développement de la Bulgarie (GERB, PPE), parti conservateur du premier ministre bulgare sortant, ne recueillent que 8,57% des voix de la diaspora, contre 25,80% au niveau national. De même, l’alliance de gauche formée autour du Parti socialiste de Bulgarie (BSP, S&D) n’obtient que 6,46%, contre 14,79% à l’échelle du pays. À l’inverse, le parti centriste anti-corruption « Il y a un tel peuple » (ITN) obtient 30,45% des voix de la diaspora contre seulement 17,40% à l’échelle nationale ; la coalition centriste Bulgarie démocratique recueille quant à elle 17,40% des voix, soit à nouveau près du double de son score national de 9,31%. L’un de ces deux partis arrive en tête dans chacun des États de l’Union. Enfin, les quatre principales listes nationalistes ou d’extrême droite récoltent 14,69% des suffrages de la diaspora, contre 11,25% au niveau national. Le parti nationaliste IMRO (CRE), qui milite pour un rapprochement entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie, obtient près de 40% des suffrages dans ce pays.

Dans les deux cas, les diasporas semblent plus réceptives aux discours anti-corruption, mais aussi plus susceptibles de soutenir des formations nationalistes. Les partis de gouvernement traditionnels du centre-gauche et du centre-droit (à l’exception notable du PNL roumain) ne convainquent plus qu’une frange très réduite des citoyens vivant à l’étranger.
La tendance de la diaspora à soutenir des candidats « alternatifs » est également présente, quoique de manière moins marquée, au Portugal et en Catalogne. Le président portugais sortant Marcelo Rebelo de Sousa (PSD, PPE), élu avec 60,67% des voix, ne remporte ainsi que 52,65% des voix de la diaspora, et n’obtient pas la majorité absolue des voix (46,03%) parmi les Portugais installés dans l’UE. Ana Gomes, candidate indépendante du centre-gauche, remporte 18,51% des suffrages de la diaspora (23,50% dans l’UE), contre 12,96% au niveau national. Le candidat du nouveau parti Iniciativa Liberal (IL, RE) recueille quant à lui 5,61% des voix des Portugais de l’étranger, contre 3,23% seulement au niveau national ; les candidats d’extrême droite et de gauche radicale améliorent également légèrement leurs scores. La portée de cette analyse reste cependant limitée par un niveau de participation très faible: sur 1,5 million de Portugais de l’étranger inscrits, moins de 30 000 (2%) se sont rendus aux urnes.

En Catalogne, où le taux de participation de la diaspora est également très faible (4%), son comportement électoral se caractérise par un soutien aux partis indépendantistes légèrement plus marqué que la moyenne régionale (54,87% contre 50,77%). Les scores de Vox (ID), du Parti socialiste de Catalogne (PSC, S&D) et de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC, Verts/ALE) sont plus faibles, ceux de JxCat (indépendantistes, NI) de la gauche radicale et de Ciutadans/Ciudadanos (RE) plus élevés qu’à l’échelle régionale.

Clivages confessionnels et culture politique

La religion reste un facteur marquant dans plusieurs scrutins étudiés.

En Rhénanie-Palatinat, une division Nord-Sud a été mise en lumière dans le comportement électoral, qui correspond à la division religieuse historique du Land. Ainsi la CDU (PPE), descendante du Parti catholique Zentrum, a conservé une base électorale importante dans le Nord catholique (Rhénanie), tandis que le SPD (S&D) demeure majoritaire dans la plupart des circonscriptions du Palatinat protestant. Parallèlement les Électeurs Libres (FW, RE) ont des surperformances dans les zones à majorité catholique alors que l’AfD (ID) voit son électorat concentré dans les circonscriptions traditionnellement protestantes.

Un schéma équivalent a pu être observé dans le Bade-Wurtemberg, où les régions catholiques du Sud (Souabe et Bade) ont voté plus qu’ailleurs pour la CDU et le Wurtemberg protestant où le SPD a eu des résultats supérieurs à la moyenne. Ici, les autres partis, et notamment Les Verts, grands gagnants de l’élection, n’ont pas eu de division territoriale de leur électorat coïncidant avec la carte des religions.

Bien qu’une division religieuse Nord-Sud existe aux Pays-Bas entre protestants et catholiques, cela ne s’est pas traduit par une différenciation significative du vote au titre de ce critère. Seule la Bijbelgordel (la « ceinture biblique » néerlandaise), au centre du pays, marquée par son très fort conservatisme calviniste, voit le SGP (le Parti politique réformé, CRE) et l’Union chrétienne (UC, PPE) bénéficier de scores nettement supérieurs à la moyenne. L’idiosyncrasie des partis chrétiens dans ces régions reste très fortes.

Dans les autres élections, notamment en Roumanie et en Bulgarie, les correspondances entre performances des partis et distribution religieuse de la population s’expliquent principalement par le vote ethnique. Le Mouvement des droits et libertés bulgare (RE) a ainsi son électorat concentré dans les zones avec une surreprésentation de l’islam, soit les territoires avec de fortes communautés de la minorité ethnique turque. L’UDMR roumain (PPE) a quant à lui ses meilleurs résultats dans les zones à majorité catholique romaine, c’est-à-dire les départements dans lesquels la minorité hongroise est majoritaire, tandis que les partis réputés proches de l’Eglise orthodoxe de Roumanie (BOR) y font des scores très inférieurs à leurs moyennes nationales, qu’ils soient conservateur de gauche (PSD, S&D) ou populiste et eurosceptique (AUR, CRE).

Les forces politiques européennes au 1er juin 2021

La carte continentale

Groupe du parti arrivé en tête, par commune
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François Hublet, Jean-Toussaint Battestini, Lucie Coatleven, Charlotte Kleine, Sofia Marini, Théophile Rospars, La synthèse continentale, Groupe d'études géopolitiques, Sep 2021, 7-19.

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